Le concept de guerre a-t-il encore du sens pour comprendre la géopolitique actuelle ? Les titres des parties et les éléments de méthode apparents sont là pour te guider, tu n’as pas besoin de les préciser lors de l’oral. Introduction Amorce Il existe de nombreuses formes de conflits, que l’on catégorise selon les acteurs, la nature et leur mode de résolution, qui peuvent avoir pour enjeu la maîtrise d’un espace convoité. C’est d’ailleurs ce type de conflits qui sont particulièrement en géopolitique, soit le rapport entre la géographie et la politique des États. Explication des termes du sujet Un conflit naît de la rivalité pour un même objet d’au moins deux acteurs, qui peuvent être des individus mais aussi des groupes sociaux ou des États. Les conflits peuvent prendre des formes très variées et le plus souvent non armées mais peuvent aussi déboucher sur la guerre, qui est donc une des formes possibles de conflit. Le terme de guerre désigne au sens strict un conflit passant par une lutte armée, est aussi employé dans le langage courant pour évoquer des conflits non armés utilisant l’« arme » économique, idéologique… La guerre n’est pas un phénomène nouveau et il existe ainsi plusieurs types de guerres et de raisons de faire la guerre. Définition des enjeux Ainsi si avant 1945 leur classification était relativement aisée, la dimension géopolitique majeure de la Guerre Froide, coupant le monde en deux, a contribué à complexifier les conflits bien qu’ils soient de nos jours moins nombreux. D’un monde bipolaire on est passé à un morcellement politique de la planète lié à la montée des nationalismes qui a créé une situation complexe et instable. Problématique Le XXe siècle a connu une évolution de la guerre, au sein de laquelle, la guerre « classique », caractérisée par un face à face de deux armées ennemies, a été remplacée par une guerre moderne multi dimensionnelle, concept qui s’applique dans un premier temps aux grandes guerres mondiales. Nous nous demanderons ici, peut-on toujours parler de guerre dans le contexte géopolitique actuel ? Annonce du plan Tout d’abord nous étudierons la création d’un nouvel ordre mondial, suscitée par la Guerre Froide qui est un tournant important dans la situation géopolitique mondiale puis nous nous intéresserons aux nouvelles formes de conflictualités qui se détachent du concept traditionnel de guerre. Développement I. La Guerre Froide, tournant majeur dans la géopolitique mondiale A. La fin d’un monde biparti La Guerre Froide est marquée par des stratégies reposant sur la formation de blocs et de réseaux d’alliance à l’échelle mondiale. Cependant, ce monde bipolaire connaît rapidement des dissensions à l’intérieur de chaque camp : le cas chinois vient couper le camp soviétique en deux et l’émergence du « Tiers Monde » dans les années 1950, assimilé aux pays en voie de développement, conduit à l’apparition d’une troisième voie, ne s’alignant ni sur les États-Unis ni sur l’URSS et à la division Est-Ouest il faut dès lors ajouter la coupure Nord-Sud. De la Seconde Guerre mondiale à 1989, les choix stratégiques ont en grande partie été fondés sur l’arme nucléaire et donc sur une conception particulière des conflits : un missile longue portée peut en quelques heures frapper n’importe quel endroit de la planète depuis n’importe quel autre. La course aux armements s’est faite dans deux directions : l’augmentation du nombre de missiles et l’innovation technologique. Les bouleversements politiques survenus depuis 1989 ont imposé une nouvelle approche des conceptions géopolitiques et du rôle de l’armement atomique : on assiste désormais à une prolifération de celui-ci. La situation actuelle est donc paradoxalement plus porteuse de danger que celle de la Guerre Froide. B. Le renouveau de l’analyse géopolitique L’analyse géopolitique concerne désormais moins les États et se focalise sur l’échelle régionales et les réseaux. Elle s’intéresse par exemple aux zones grises, espaces de non-droit qui peuvent être d’échelles variées : régions contrôlées par les FARC colombiennes, États faillis comme la Somalie mais aussi espaces maritimes comme les détroits d’Ormuz ou de Malacca où sévit la piraterie. En ce qui concerne les réseaux, le terrorisme, c’est-à-dire l’utilisation d’actions violentes et meurtrières pour choquer l’opinion publique et déstabiliser les États est devenu un objet d’étude à part entière. Son développement a entraîné une large déterritorialisation des conflits, ceux-ci étant le fait d’organisation présentant des ramifications dans plusieurs États et agissant à l’échelle de la planète, comme le réseau Al-Qaida. Les attentats du 11 septembre 2001 avaient pour but de remettre en cause la situation hégémonique des États-Unis, ce qui a aussi conduit à une nouvelle définition de la géopolitique. Si les guerres interétatiques sont devenues rares, 90% des guerres sont à l’heure actuelle des conflits intra étatiques, à savoir des guerres civiles. Transition Celles-ci sont en régression depuis les années 1990 mais elles ont tout de même engendré la création d’une trentaine d’états nouveaux dans le monde depuis 1991, notamment des suites de la chute de l’URSS : elles correspondent à une nouvelle forme de conflit que l’on regroupe sous le nom de conflictualité. II. De nouvelles conflictualités modernes A. La conflictualité, nouvelle définition de la guerre On parle de conflictualités pour caractériser des tensions de formes, d’intensité et de durée très variables. Ces conflits, généralement identitaires ont abouti à des revendications territoriales qui ont divisé voire fait imploser certains états comme l’ex Yougoslavie : il s’agit la plupart du temps de conflits locaux qui s’émancipent des règles martiales. Il n’y a pas ou peu de front constitué mais des actions rapides et violentes affectant surtout les civils par des techniques d’intimidations et de corruptions. Par exemple la guerre civile oppose la population d’un même pays mais elle est de nature complexe car aucun droit ne codifie les règles. Elle trouve son origine dans la faiblesse du pouvoir politique central et dans le positionnement de l’armée : son déroulement est imprévisible, elle s’achève dans la réconciliation nationale. Ces conflits ne sont plus liés à la décolonisation ou à la domination d’une superpuissance, ils sont caractérisés par le rôle important des acteurs non-gouvernementaux et la fragmentation de la violence au sein même de la société civile. Ainsi un pluralisme politique, religieux et économique a vu le jour et le risque de conflit est devenu plus difficile à discerner : les entités dangereuses sont à présent dispersées, indépendantes voire presque invisibles en se fondant dans la population civile. La guerre entre états a alors presque disparu au profit de coalitions d’états et des entités déterritorialisées et transnationales. Dès lors les dispositions d’encadrement de la guerre ne sont plus adaptées à la guerre moderne. B. L'exemple de l’État Islamique LCes guerres irrégulières, non portées par des acteurs étatiques se caractérisent par des actes terroristes de groupement ou d’organisations islamistes, des génocides qui sortent du cadre des guerres « traditionnelles » et forment des conflits dits asymétriques dont les cibles sont généralement civiles et sans défense. L’État islamique est certainement à l’heure actuelle l’exemple le plus emblématique de cette nouvelle forme de conflits. Il s’agit d’une organisation islamique qui a proclamé l'instauration d'un califat sur les territoires irakiens et syriens qu'elle contrôle en 2014. Son essor est notamment lié aux déstabilisations géopolitiques causées par les guerres en Irak puis en Syrie. L'État islamique est classé comme organisation terroriste par de nombreux États et est accusé par les Nations unies, la Ligue arabe, les États-Unis et l'Union européenne d'être responsable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité, de nettoyage ethnique et de génocide. Il pratique également la destruction systématique des vestiges du passé multi millénaire dans le périmètre fluctuant des régions qu'il contrôle par les armes. Depuis août 2014, une coalition internationale de vingt-deux pays intervient militairement contre cette organisation ce qui en fait une guerre inédite opposant une coalition d’États à une entité religieuse et politique autoproclamée qui s’impose par la force. Malgré des frappes aériennes nombreuses, les états ne parviennent que difficilement à limiter le champ d’action de Daech. Le poids du numérique dans cette nouvelle forme de conflit rend également complexe sa résolution. Conclusion : Bilan Désormais plus diffuse et moins concentrée, le concept de guerre démontre de nos jours surtout l’impuissance des grandes puissances et des organisations internationales comme l’ONU à instaurer une paix mondiale globale. La distinction traditionnelle faite entre les phases de conflit et de post conflit est remise en cause car ces violences non-étatiques ont tendance à perdurer malgré des accords de paix formels. D’une certaine manière on peut alors parler d’une privatisation de la guerre avec une évolution importante des activités mercenaires qui deviennent de véritables entreprises militaires. Ouverture Les guerres ne sont plus limitées à des espaces géographiques précis mais connaissent des formes nouvelles à l’image de cyberattaques qui demandent alors de nouvelles capacités d’adaptation de la part des États. Questions du jury 2e partie du Grand Oral : approfondir, reformuler, répondre à une objection (10 min) Les questions du jury et les réponses apportées sont des suggestions. Nous te conseillons de t’inspirer de la démarche et de la méthode pour le jour J, il n’est pas intéressant de les apprendre par cœur. En ce qui concerne les questions portant sur le projet d’études et professionnel, réfléchis-y en amont, tu auras forcément une question dessus ! Conseils : Prends le temps d’écouter la question pour ne pas répondre à côté ; Prends une minute avant de répondre pour montrer au jury que vous êtes capable de rebondir en réfléchissant et en sélectionnant ce qui est le plus pertinent pour répondre à la question ; Pense toujours à argumenter, à donner un ou plusieurs exemple(s), et à t’approprier la question. Comment le numérique participe-t-il à redéfinir le concept de guerre ? L’accès aux informations avec les réseaux d’espionnage a toujours été primordiale dans la résolution d’un conflit : la dématérialisation des données et leur exposition face aux cyberattaques vient changer le rapport de force traditionnel puisque l’affrontement se fait au niveau technologique. Qu’implique selon vous la perte de sens du concept de guerre ? La perte de sens du concept de guerre implique une perte de sens du concept de paix notamment celle garantie par l’ONU après la Seconde Guerre Mondiale : si les guerres mondiales étaient différentes des guerres napoléoniennes, celles du XXIème siècle le sont encore plus avec de nouveaux défis liés notamment à l’invisibilisation de « l’ennemi » et à la ramification des conflits. 3e partie du Grand Oral : Projet d’étude et avenir professionnel (5 min) Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet professionnel / d’études ? En quoi peut-il être mis en lien avec les aspects géopolitiques actuels ? Nous te conseillons de réfléchir à une réponse à ce type de questions, tu en auras forcément une !