Dans le contexte actuel de concurrence géopolitique autour de la connaissance, peut-on envisager de bloquer la circulation internationale des connaissances ? Les titres des parties et les éléments de méthode apparents sont là pour te guider, tu n’as pas besoin de les préciser lors de l’oral. Introduction Amorce Le 4 mai 2020, l'Union Européenne annonce une levée de fonds de 7 milliards 400 millions d'euros destinés à financer la recherche autour des vaccins contre le coronavirus. Ce projet regroupe alors 40 pays afin de maximiser les chances de découverte par le partage d'informations entre tous les laboratoires. D’autres puissances comme les États-Unis ou la Chine privilégient leurs propres recherches ce qui limite la circulation et la coopération internationale autour de la connaissance. Ce comportement est emblématique des tensions géopolitiques que la question de la connaissance peut représenter. Explication des termes du sujet La puissance des états repose en grande partie sur la maîtrise de la connaissance qui permet d’assurer la puissance militaire, le progrès scientifique et technologique et les succès diplomatiques. La connaissance est donc un enjeu majeur. Définition des enjeux A partir du XIXe siècle, dans le cadre des transformations industrielles, sciences et techniques construisent un modèle de développement lié aux progrès de la connaissance. Dans nos sociétés contemporaines, le rôle des experts prend de plus en plus d’importance notamment face à la complexité des problèmes de société comme dans le cadre du réchauffement climatique. Le développement de la connaissance passe par l’éducation et la recherche mais également par les services d’espionnage. La connaissance peut avoir un usage géopolitique comme c’était le cas lors de la guerre froide au cours de laquelle les réseaux d’espionnage américains et soviétiques, d’ailleurs appelés services de renseignement, ont connu une forte croissance, avec l’exemple de la création de la CIA, ou central intelligence agency, aux États-Unis et de la transformation du KBG en URSS. On parle alors d’un « âge d’or de l’espionnage », qui touchent tous les domaines, aussi bien le renseignement militaire que politique, la désinformation, l’espionnage industriel notamment dans le cadre de la course à l’armement ainsi que l’infiltration, ce qui provoque une paranoïa du côté des deux blocs : le renseignement humain est rapidement soutenu par le renseignement technologique avec les machines à coder ou les satellites. Problématique De nos jours, la connaissance est indispensable à toute décision politique et dépasse la simple scène nationale ce qui donne lieu à de nombreuses coopérations mais aussi à des tensions géopolitiques, marquées par une concurrence dans l’accès à certaines informations technologiques et scientifiques déterminantes. Cette recherche croissante du monopole de la connaissance peut-elle entraver la circulation des connaissances d’un pays à l’autre ? Annonce du plan Tout d’abord nous verrons comment est instrumentalisée la connaissance, mise au service de la guerre au siècle dernier et plus spécifiquement au développement des pays émergents de nos jours ; puis dans une deuxième partie, nous nous intéresserons à la hiérarchie mondiale que forme la détention de la connaissance et aux tensions qui en découlent. Développement I. L’instrumentalisation de la connaissance A. La connaissance au service de la guerre Avec les deux guerres mondiales, la transmission des informations et leur codage deviennent des éléments déterminants pour l’issue de la guerre. Après la guerre froide, les agences de renseignement se sont orientées dans la lutte contre le terrorisme et également spécialisées dans le domaine de l’intelligence artificielle afin de défendre les entreprises ou d’obtenir des données scientifiques et industrielles. Cette évolution a été favorisée par la progression des outils numériques qui sont de nos jours capables de trouver des informations sur les individus grâce à Internet, aux échanges téléphoniques et la vidéo surveillance. Ainsi l’extension des fonctions de l’État au cours des XIXe et XXe siècle entraîne l’extension de la bureaucratie et d’une administration chargée de collecter des données précises : la production et la diffusion des connaissances peuvent alors être soumises à des censures, comme dans les régimes autoritaires où les scientifiques travaillent sous le contrôle étroit de l’État. La recherche, compte tenu de son coût, est aussi le lieu des coopérations. L’organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) regroupe ainsi 23 partenaires, dont certains en dehors de l’espace européen (Japon, États-Unis), qui étudient conjointement la physique des particules. Certains problèmes mondiaux (climat, environnement) impliquent une collaboration scientifique internationale portée par les États. Des groupes de chercheurs internationaux sont constitués, à l’image du GIEC, créé en 1988 à l’initiative du Programme des Nations unies pour l’Environnement. B. L’enjeu de la connaissance pour les pays émergents L’enjeu de la connaissance est également très fort pour les pays émergents, qui cherchent à s’appuyer sur leur population nombreuse comme dans le cas de l’Inde et de la Chine pour accélérer leur développement : ils s’appuient alors sur un secteur tertiaire fort, notamment dans le domaine des nouvelles technologies et des progrès dans les domaines de l’informatique. Pour ce faire ils utilisent les échanges internationaux avec la formation d’étudiants qui contribue à la fois à participer au rayonnement culturel du pays, dit « soft power » et qui passe par la mise en place d’un système universitaire de qualité établissant des partenariats avec d’autres pays du monde. Les contrats avec différentes entreprises étrangères ou la participation à des projets scientifiques et industriels mondiaux renforcent les connaissances techniques des entreprises nationales. Ainsi on peut parler de nos jours d’économie de la connaissance, qui soutient d’une part l’augmentation de richesses et alimente d’autre part la compétition entre les états. Par ailleurs, les nombreux échanges internationaux accélèrent le rythme de la circulation des connaissances. Enfin, dans le cadre des pays émergents, la connaissance peut devenir la base d’une politique de développement économique : de nombreux états ont décidé d’investir pour orienter une part majeure de leur économie vers la recherche et la conception de produits de haute technologie, comme l’Inde, Singapour ou la Corée du Sud. II. Une hiérarchie de la connaissance à l’échelle mondiale A. La maîtrise de la connaissance comme enjeu fondamental La maîtrise de la connaissance est au cœur de la rivalité entre les états, car les connaissances confèrent à un État efficacité et légitimité : elles deviennent alors un enjeu fondamental dans les relations internationales. En effet, la connaissance peut jouer un rôle important et être utilisée pour influencer l’opinion publique : nous en avons l’exemple avec la création des think tanks dans les années 1970, qui ont pour but de produire des études et d’élaborer des propositions qui concernent généralement les politiques publiques et économiques. L’État encourage le développement scientifique et technique, en cherchant par exemple à attirer des chercheurs renommés avec des conditions de travail attractives, ce qui aboutit à des transferts de technologie. Ainsi le montant des dépenses en recherche et développement, le pourcentage de personnes diplômées du supérieur, ou encore le nombre de dépôts de brevets sont autant de signes de la puissance scientifique et technologique d’un État. Une hiérarchie s’établit entre des états en concurrence : les États-Unis sont aujourd’hui les premiers émetteurs de brevets et investisseurs dans la recherche scientifique dans le monde. En 2016, la Chine se fixait comme but de devenir le « leader international de l’innovation » en 2030. Cette hiérarchie se matérialise également par les différents classements internationaux qui mettent en concurrence les universités selon la puissance académique des établissements : le plus célèbre d’entre eux est le classement de Shanghai, dominé par les universités américaines. B. La connaissance, outil de tensions géopolitiques Les connaissances entrent aussi au service du hard power, à travers l’usage de la science comme arme de guerre : l’arme nucléaire conçue dans le cadre du « projet Manhattan » en 1947 rassemblait des scientifiques allemands, des savants et l’État-major américain. Les états rivalisent et multiplient les projets pour maintenir leur domination scientifique. Le lancement du satellite Spoutnik en 1957 est vécu comme la démonstration de la supériorité scientifique et technique soviétique, et est suivi en 1961 par la réponse des américains via la création du programme Apollo, destiné à faire marcher l’homme sur la Lune. Les tensions liées à la maîtrise de certaines connaissances ou technologies stratégiques se manifestent toujours de nos jours. Ces tensions peuvent être illustrées avec le conflit entre les États-Unis et la Chine au sujet de Huawei, leader sur le marché de la 5G, en 2019. Le gouvernement américain cherche à limiter son activité pour éviter toute dépendance à cette entreprise très en avance dans le domaine. L’invention scientifique et technologique joue également un rôle majeur au cœur des armées. La guerre étant de plus en plus numérique, elle repose sur des cyberattaques qui nécessitent la maitrise du savoir informatique. Conclusion : Bilan Pour conclure, les tensions entre les différents états peuvent entraver la circulation internationale de la connaissance : les cyberattaques sont une manifestation d’une nouvelle forme de guerre pour la conquête d’informations qui peuvent se révéler vitales pour les états. Les progrès rapides du numérique créent de nouveaux enjeux internationaux en matière de protection de la connaissance, qui prennent différentes formes. Ouverture Les réseaux d’espionnage malgré la fin de la guerre froide, restent bel et bien actifs comme on a pu le voir avec les nombreux scandales provoqués par les lanceurs d’alerte comme Edouard Snowden, sur la protection des données personnelles des individus. Questions du jury 2e partie du Grand Oral : approfondir, reformuler, répondre à une objection (10 min) Les questions du jury et les réponses apportées sont des suggestions. Nous te conseillons de t’inspirer de la démarche et de la méthode pour le jour J, il n’est pas intéressant de les apprendre par cœur. En ce qui concerne les questions portant sur le projet d’études et professionnel, réfléchis-y en amont, tu auras forcément une question dessus ! Conseils : Prends le temps d’écouter la question pour ne pas répondre à côté ; Prends une minute avant de répondre pour montrer au jury que vous êtes capable de rebondir en réfléchissant et en sélectionnant ce qui est le plus pertinent pour répondre à la question ; Pense toujours à argumenter, à donner un ou plusieurs exemple(s), et à t’approprier la question. Questions : En tant qu’élève, comment pouvez-vous participer à cette course à la connaissance ? Selon le parcours choisi pour ses futures études, l’élève devient un atout pour la société car il retient et développe de nouvelles connaissances qui feront de lui un potentiel expert pouvant participer à améliorer le savoir intellectuel du pays et ainsi contribuer à son avancement sur la scène internationale. Pouvez-vous donner un exemple propre de la transformation de la connaissance de nos jours ? La diffusion rapide d’informations à travers les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, qui sont devenus des entreprises géantes et qui sont régulièrement remises en cause quant à la sécurité des données des utilisateurs, montre que la connaissance, même si elle passe toujours par l’humain, a subi une dématérialisation qui la rend plus facilement communicable mais aussi plus vulnérable. Avez-vous une idée d’un projet réunissant les connaissances de différents pays ? Il y a une forme de coopération dans certains domaines demandant un haut niveau de connaissance comme avec la première station orbitale Mir créée en 1985 par les Soviétiques et qui associe Américains, Russes, Européens, Japonais et Canadiens. 3e partie du Grand Oral : projet d’étude et avenir professionnel (5 min) Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet professionnel / d’études ? En quoi peut-il être mis en lien avec les aspects géopolitiques autour de la connaissance actuels ? Nous te conseillons de réfléchir à une réponse à ce type de questions, tu en auras forcément une !