Le patrimoine a-t-il plus de poids que l’histoire en France ? Les titres des parties et les éléments de méthode apparents sont là pour te guider, tu n’as pas besoin de les préciser lors de l’oral. Introduction Amorce Le terme de patrimoine désigne un héritage matériel et immatériel qui est perçu par une société comme devant être transmis aux générations ultérieures. En matière de tourisme il peut s’agir d’un monument, d’un paysage, de musiques et de danses… On s’intéressera ici au patrimoine en tant que de l’action humaine doté de valeurs culturelles communes et que l’on juge nécessaire de recenser et conserver. Le recensement et la conservation de ces « produits » correspondent à un processus de patrimonialisation qui tend à construire l’identité nationale. Explication des termes du sujet La notion de patrimoine fait ainsi entrer en interaction un passé, temps de production d’un objet, un présent, temps de décision de la conservation de l’objet et un avenir, temps de la transmission. Tout processus de patrimonialisation s’inscrit dans une dimension chronologique et ainsi dans un rapport avec l’histoire. Le patrimoine recouvre de nos jours de nombreux domaines, qu’il soit artistique, monumental, archéologique, naturel…Ainsi tout ce qui a été produit et ce que nous produisons peut devenir patrimonial : mais qu’est ce qui mérite vraiment d’être conservé et valorisé ? Définition des enjeux C’est une question difficile, car le patrimoine est une construction sociale qui varie d’une époque à l’autre : on peut le voir avec la réutilisation des matériaux des sépultures ou des monuments antiques par des contemporains. On établit donc selon un regard particulier, une sélection d’objets dignes d’être conservés et transmis : la valeur patrimoniale est fluctuante. L’expression « patrimoine historique » apparaît dans les années 1960, sous le ministère d’André Malraux, et est attachée à certains édifices qui deviennent alors des « monuments historiques » chargé d’un caractère patrimonial et s’inscrivant dans un régime d’historicité, c’est-à-dire obéissant à des caractéristiques historiques. Ainsi la société contemporaine se retrouve face à un double défi, d’une part conserver et transmettre pour les générations suivantes et d’autre part valoriser. De nos jours on parle d’une inflation patrimoniale pour qualifier la situation du patrimoine en France, notamment suite au déclin du monde rural et industriel. L’intérêt croissant pour le patrimoine correspond aussi à des stratégies d’investissement politique, économique et de maintien du lien social autour d’une histoire commune. Problématique Dès lors, on peut s’interroger : les enjeux liés au patrimoine deviennent-ils plus importants que ceux liés à l’histoire ? Annonce du plan Nous étudierons dans un premier temps la construction d’une histoire patrimoniale commune, et dans une seconde partie nous nous interrogerons sur le défi que représente la patrimonialisation face à l’histoire en France. Développement I. La construction d’une histoire patrimoniale commune A. Le patrimoine ou la construction d’un rapport neuf au passé Dans notre société contemporaine c’est la Révolution Française qui marque une profonde évolution dans le regarde porté sur les réalisations artistiques du passé, leur rôle et leur protection : il s’agit tout d’abord d’une conception politique, se posant en opposition avec les saccages des symboles liés à l’Ancien Régime comme le pillage des tombes royales de la basilique de Saint Denis. Ainsi, l’idée d’un patrimoine collectif intervient après la confiscation des biens du clergé et de ceux de la famille royale par les autorités révolutionnaires, qui deviennent propriétés d’État. Cette conscience patrimoniale va par la suite plus ou moins fluctuer, selon les régimes politiques mais est désormais ancrée dans les mentalités notamment grâce au mouvement romantique au XIXème siècle : on peut citer le célèbre roman de Victor Hugo Notre Dame de Paris, paru en 1831 qui joué un rôle majeur dans la sensibilisation de l’opinion publique et entrainé par la suite la restauration de l’édifice éponyme par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc. Le champ du patrimoine est défini par un inventaire mené par la Commission des Monuments Historiques, dont le premier a lieu en 1840. L’État joue un rôle de plus un plus central dans le processus de patrimonialisation et lui impulse un nouveau souffle après la première guerre mondiale en élargissant le classement aux réalisations du début du XXème siècle. Des édifices non plus seulement religieux mais aussi profanes et militaires, et certaines propriétés privées se voient à partir de cette époque reconnaitre une valeur patrimoniale. B. Les nouveaux enjeux de la société contemporaine La deuxième transformation majeure dans la conception du patrimoine en France est enclenchée après la Seconde Guerre Mondiale, où les municipalités ne peuvent plus financer la protection du patrimoine ce qui aboutit à des destructions volontaires importantes, en parallèle de la modernisation des espaces urbains qui menacent alors les centres-villes anciens : c’est le cas de nombreuses villes médiévales comme Orléans qui vont raser de vastes secteurs. La conservation du patrimoine reste majoritairement à la charge de l’État, et demande des moyens importants dont ne disposent pas toujours les communes. L’implication directe de la population locale s’est fait petit à petit, entre autres par le biais d’associations. La société contemporaine est face à la question de la préservation du patrimoine, qui s’avère souvent très couteuse. II. Le défi de la patrimonialisation face à l’histoire A. Le patrimoine, nouvel outil touristique Face à la standardisation des modes de vie et à un monde désincarné par l’uniformisation, le patrimoine permet d’ordonner le passé, de s’inscrire dans une histoire et, ainsi, de fournir des points de repères collectifs. En ce sens, le patrimoine permet de construire des identités, d’en déterminer les contours. En effet, l’existence d’un patrimoine partagé suppose l’existence d’un groupe humain uni par un sentiment de cohésion et joue un rôle central dans la construction des identités nationales. Le rapport qu’un pays entretient à sa propre histoire a une influence déterminante sur la mise en valeur du patrimoine et sa formation par la mise en avant de certains évènements historiques marquants. En France cet aspect se concrétise par des monuments comme l’Arc de Triomphe dont la construction fut décidée par Napoléon en 1806 après la bataille d’Austerlitz. Le patrimoine peut être utilisé comme outil d’une construction historique comme c’est le cas avec les régions en France, afin de justifier leur existence. Le développement de l’activité touristique est aussi à prendre en compte dans le choix et l’ouverture au public de certains sites. En France, les projets touristiques se forment principalement autour d’activités traditionnelles disparues et de la conservation du patrimoine matériel comme les objets du quotidien, avec des effets de reconstitution de la vie de certains personnages marquants de l’histoire et de certains passages historiques : la cinéscénie du Puy du Fou montre le succès que connaît ce genre d’activité. Toutefois dans certains cas, créer un patrimoine nécessite de ré interpréter le passé pour mieux le faire concorder à l’identité locale ou privilégier une certaine période historique, qui peut aller jusqu’à la reproduction de monuments connus. On peut citer l’exemple unique du château-fort de Guédélon en Bourgogne, où des bénévoles ont lancé le projet de le construire avec les techniques de l’époque, ou encore la construction de frégates comme celle de L’Hermine à Rochefort, qui permettent de remettre au jour des techniques de construction oubliées. B. Le patrimoine comme moyen de ré écrire l’histoire ? La patrimonialisation est aussi un moyen de se réconcilier avec le passé : la destruction intégrale de la ville de Caen a donné lieu à une patrimonialisation des plages du débarquement, pour illustrer le traumatisme subi. Cela se retrouve aussi dans le cas des paysages miniers du Nord, où les terrils, tas de déchets miniers sont classés au patrimoine mondial de l’Humanité. Enfin on peut parler des cimetières des deux conflits mondiaux, à l’origine lieux de recueillement, qui sont maintenant des espaces touristiques comme l’ossuaire de Douaumont autour de la bataille de Verdun. LLa définition des contours du patrimoine dépend de la reconnaissance et de l’importance attribuées à tel ou tel phénomène historique et fait en ce sens autant appel à l’histoire qu’à la mémoire. Mais il reste un risque inhérent à la patrimonialisation, le phénomène de création et fabrication du patrimoine, qui est celui de la muséification, processus qui tend à figer toute évolution. L’exemple du projet de reconstruction de la flèche et de la charpente de Notre Dame montre cette opposition entre histoire et patrimoine : si Notre Dame est globalement reconnue comme un chef d’œuvre du patrimoine français, la question s’est posée de la doter d’un toit en verre et de donner une touche de modernité à cet édifice vieux de près de 1000 ans, ce qui a suscité de nombreuses critiques, avant que ne soit décidée une reconstruction à l’identique. Conclusion : Bilan La place du patrimoine par rapport à l’histoire est complexe. Le patrimoine participe à l’élaboration de l’histoire en mettant en avant les grands évènements français, qui se caractérisent - selon les objets patrimoniaux et l’époque à laquelle ils se réfèrent - par des entreprises de constructions ou de productions artistiques importantes. Le patrimoine permet ainsi de faire revivre certains moments historiques. Néanmoins, le patrimoine reste une construction sujette à des choix subjectifs, qui n’est pas soumise à une explication scientifique comme l’est l’histoire. L’entreprise de patrimonialisation est plus liée à l’affect car elle se doit de regrouper des valeurs et des thèmes communs qui contribuent à la création d’une identité nationale et ne correspondent pas toujours à la réalité historique. Ce qui fait patrimoine aujourd’hui peut ne pas faire patrimoine demain : pendant la révolution française, les symboles de l’Ancien Régime étaient détruits, tandis qu’aujourd’hui, un monument comme le château de Versailles est perçu comme un incontournable de la culture française. Ouverture Il s’agit donc de chercher à ne pas séparer patrimoine et histoire mais de faire évoluer les deux en simultané afin de ne pas créer un patrimoine vide de sens, notamment face à l’importance croissante de cette notion dans nos sociétés. Questions du jury 2e partie du Grand Oral : approfondir, reformuler, répondre à une objection (10 min) Les questions du jury et les réponses apportées sont des suggestions. Nous te conseillons de t’inspirer de la démarche et de la méthode pour le jour J, il n’est pas intéressant de les apprendre par cœur. En ce qui concerne les questions portant sur le projet d’études et professionnel, réfléchis-y en amont, tu auras forcément une question dessus ! Conseils : Prends le temps d’écouter la question pour ne pas répondre à côté ; Prends une minute avant de répondre pour montrer au jury que vous êtes capable de rebondir en réfléchissant et en sélectionnant ce qui est le plus pertinent pour répondre à la question ; Pense toujours à argumenter, à donner un ou plusieurs exemple(s), et à t’approprier la question. Pouvez-vous donner un exemple de patrimoine immatériel français ? La gastronomie française, qui est d’ailleurs parmi les seules au monde à être reconnue par l’UNESCO. Connaissez-vous un monument qui n’était pas censé être conservé et qui a fait débat ? La Tour Eiffel, construite entre 1887 et 1889 pour l’Exposition Universelle, censée être démontée une première fois à la fin de l’évènement puis une seconde fois au début du XXème siècle suite à la baisse de fréquentation. Pour vous, la patrimonialisation est-elle nécessaire ? Réponse libre 😉 3e partie du Grand Oral : Projet d’étude et avenir professionnel (5 min) Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet professionnel / d’études ? En quoi peut-il être mis en lien avec les aspects géopolitiques actuels ? Nous te conseillons de réfléchir à une réponse à ce type de questions, tu en auras forcément une !