L’éducation des humains pourrait-elle être entièrement confiée à des robots ?
Les titres des parties et les éléments de méthode apparents sont là pour te guider, tu n’as pas besoin de les préciser lors de l’oral.
« Enfin, ce n’est pas la moindre des choses que de s’entraîner à exposer, à répondre aux questions posées, à dialoguer, voire à débattre. Voilà qui ne manquera pas d’être utile, voire essentiel, pour la poursuite des études et la vie professionnelle. Il est nécessaire de prendre rapidement la mesure des difficultés ou des gênes liées à l’indispensable interaction orale avec les autres quand ceux-ci ne sont pas familiers. Prendre la parole, plus ou moins volontairement, c’est toujours accepter de sortir d’une zone de confort et de sécurité. »
Tu peux utiliser cette citation en guise d’accroche.
Accroche : donner envie à l’auditeur d’écouter, l’accrocher avec une expérience commune, ou une situation historique, une référence culturelle ! Il faut la lier au sujet, elle doit servir à l’introduire.
Dans le film de Peter Wier le Cercle des Poètes disparus, M. Keating qui est incarné par Robin Williams est professeur de littérature, il invite ses élèves brillants à cueillir le jour présent selon le fameux « carpe diem » et à refuser le diktat de la société. Un robot capable de révéler aussi bien les jeunes gens à eux-mêmes en leur faisant aimer la poésie est difficilement concevable. Pourquoi ? Parce que le robot semble plutôt fait au contraire pour obéir et répondre à un système paramétré avec des règles strictes malgré des algorithmes parfois extrêmement perfectionnés.
Faire apparaître le sujet de manière explicite.
L’éducation des humains pourrait-elle être entièrement confiée à des robots ?
Analyser le sujet en définissant les termes et en montrant que la question ne va pas de soi, qu’elle est problématique.
La question mérite d’être posée si on considère l’éducation de deux points de vue. D’un côté, c’est former la personne humaine par le développement de toutes ses capacités, c’est donc lui inculquer un savoir, des connaissances et une méthode en la faisant s’entraîner. D’un autre côté, l’éducation vise l’épanouissement de la personnalité en apprenant à devenir un citoyen respectueux, libre et indépendant.
Annoncer son plan (dimension et aspects que vous allez traiter).
Nous verrons que les robots peuvent prendre un charge une partie de l’éducation des humains notamment grâce aux progrès de l’intelligence artificielle, mais que l’éducation au savoir-vivre et à la liberté ne peut s’effectuer par des non-humains à cause de l’absence de réciprocité.
Annonce première grande partie.
Dans certaines tâches, les robots sont plus efficaces que les humains.
A. La performance de certains robots est telle qu’elle permet de s’adapter encore mieux que l’homme aux capacités de l’enfant
Première sous-partie.
En effet, que ce soit dans le domaine de l’informatique ou de la robotique, les machines inventées par l’homme sont de nos jours de plus en plus performantes. Elles emmagasinent une somme d’informations énormes que le cerveau humain ne pourrait contenir. On peut s’imaginer qu’un robot humanoïde remplace les maîtres et professeurs pour inculquer aux enfants les connaissances en fonction du niveau et de l’âge des élèves. Il s’adapterait encore mieux que le maître ou la maîtresse d’école, il est multitâche et ne se fatigue pas. Si l’éducation c’est l’entraînement à des exercices et l’inculcation de savoirs, alors le robot fait preuve de plus d’efficacité que le professeur. Ça évite l’apprentissage long et fastidieux qu’il lui a fallu pour enseigner.
Tu peux te référer aux textes et documents vus en cours pour appuyer ton argument.
Cette manière de penser l’éducation comme une accumulation de savoir coïncide avec l’humanisme de Rabelais. Dans Gargantua, l’auteur décrit une scène où le jeune géant apprend du matin au soir avec un rythme effréné. Il s’instruit des grands auteurs, il apprend la religion et son nouveau précepteur lui enseigne aussi les gestes fondamentaux de l’hygiène.
Tirer les conclusions de l’exemple en reliant au sujet à la fin de chaque sous-partie.
Un robot pourrait parfaitement suivre le rythme pour lui transmettre ce savoir gargantuesque.
Puis l’intelligence est dans la machine et celle-ci peut donc la retransmettre à l’homme avec efficacité. L’intelligence artificielle imite de fait l’intelligence humaine dans beaucoup de domaines, par exemple dans celui du raisonnement, des mathématiques, des jeux, de la compréhension des langues ou de la perception. Dans ce cas, elle peut tout aussi bien se mettre à la place de l’humain dans le processus d’apprentissage et l’humain peut apprendre grâce à elle. C’est le cas pour le meilleur joueur d’échec au monde Lee Sedol lors du match de 2016 pendant lequel il a dû affronter avec difficulté AlphaGo, un programme développé par Google DeepMind. Lee Sedol avoue qu’il a dû repenser sa méthode et a dû améliorer sa technique en jouant avec le programme d’Intelligence artificielle tellement celui-ci était compétent. Lorsque la machine rivalise avec un joueur d’aussi haut niveau, on peut se demander si en tant qu’humain on n’aurait pas aussi à beaucoup apprendre de la machine et de sa créativité.
C. Le cerveau artificiel s’identifie de plus en plus à celui de l’homme tout en palliant à ses déficiences
Enfin, le robot contrairement à l’homme ne se fatigue jamais, il est toujours disponible, prêt à travailler sans se plaindre, il est toujours constant dans son travail, ce qui lui permet d’atteindre plus facilement le rendement voulu pour la formation et le développement des capacités intellectuelles ou physiques des humains. Si le robot ressemble de plus en plus à l’homme, mais ne prend que ses qualités (par exemple son habileté à créer, à retenir, à analyser) et en gomme ses défauts, alors on pourrait arriver à une éducation de l’humain encore plus fructueuse. C’est le rêve d’Alan Turing qui, dans les années quarante, invente une machine capable de penser « comme le cerveau humain » mais non mortel. Ce cerveau artificiel pourrait emmagasiner toutes les connaissances du monde, les stocker et les garder en mémoire pour les transmettre à l’homme du futur. Dès lors, on ne perdrait aucune information importante et l’humanité pourrait même des siècles après apprendre l’histoire sans en perdre aucune trace. L’immortalité de cette machine permettrait de traverser le temps et les époques pour savoir ce qui s’est fait dans chacune d’elle.
Transition.
Qu’est-ce qui nous empêche alors de la confier entièrement à des robots ?
Les questions permettent de rendre dynamique l’exposé et mettent du suspens, tu peux en utiliser à la fin de chaque partie.
Même si les robots sont de plus en plus performants et présentent des façons de penser de plus en plus similaires aux hommes, le fonctionnement du cerveau humain dans l’apprentissage est différent de celui de la machine. On ne peut pas oublier le facteur humain décisif dans l’éducation.
II. L’éducation ne peut être entièrement confiée à des robots parce qu’ils leurs manquent la sensibilité et la liberté indispensables à l’épanouissement et à la formation du caractère
Annonce deuxième grande partie, en gardant toujours le sujet en tête et en reprenant explicitement ses termes.
L’éducation ne peut être entièrement faite par les robots parce qu’ils leur manquent la sensibilité indispensable à l’épanouissement et à la formation du caractère.
A. L’éducation ce n’est pas seulement enseigner des savoir-faire, mais aussi des savoirs-être, c’est pourquoi le robot ne peut réellement enseigner car il n’y a pas d’intersubjectivité possible
Première sous-partie.
Nous avons vu que l’éducation ce n’est pas seulement une instruction pour devenir savant et acquérir un ensemble de connaissances théoriques ou pratiques, c’est aussi ce qui permet à la personne humaine de façonner son caractère pour favoriser son insertion dans la société. Les échanges entre hommes demandent d’avoir un certain savoir vivre qui permet de s’entendre, ce qui nous démarque des autres espèces vivantes. L’homme dispose d’un langage évolué qui ne sert pas uniquement à communiquer une information à quelqu’un d’autre. Il peut avoir une fonction de pacification des échanges en les rendant cordiaux et convenants. Les signes de politesse en sont un exemple. Un robot ne peut enseigner ce savoir vivre car nous n’avons pas les mêmes interactions avec un humain qu’avec un robot. Les relations hommes robots ne sont basées que sur des échanges utilitaires, alors que la relation intersubjective nécessite de faire attention à l’autre, de prendre en compte ses réactions et ses sentiments pour ne pas le blesser, le choquer, etc… Le robot ne peut réellement enseigner les bonnes manières ni le savoir-vivre parce qu’il n’y a pas d’intersubjectivité possible.
B. Le robot est dépourvu de sensibilité et de capacités affectives, or dans l’éducation la dimension des affects ne peut être effacée
Deuxième sous-partie.
Le robot est dépourvu de sensibilité et de capacités affectives, pourtant dans l’éducation la dimension des affects ne peut être effacée. Les personnes qui ont la responsabilité de former les esprits doivent être des modèles exemplaires, et souvent l’élève s’identifie à son maître qui devient comme un mentor. La relation maître-élève est pourvue d’affects parce qu’il se créé un attachement réciproque qui permet de faciliter l’apprentissage.
Référence littéraire.
Pour illustrer cette relation affective nouée entre le professeur et son élève, il y a l’hommage qu’Albert Camus a rendu à son instituteur dans Le Premier homme. Il le décrit comme un homme « au cœur généreux » dévoué pour ses élèves, et Camus a de la reconnaissance envers lui. Ainsi, le respect mutuel que le maître et l’élève développent est essentiel dans l’épanouissement de la personnalité de l’élève. Un robot ne peut faire naître ce sentiment de reconnaissance et d’affection à cause du manque d’empathie et de sensibilité qui le caractérise.
C. L’humain apprend aussi en imitant, et si l’on veut développer sa propre liberté, il faut que le maître soit libre aussi.
Troisième sous-partie.
Par ailleurs, l’éducation vise enfin à rendre l’homme plus libre. Pour ne pas qu’il en reste au stade primitif, le fait de l’élever et de le former à la vie en société permet de le rendre plus indépendant. L’humain apprend aussi en imitant, et si l’on veut développer sa liberté, il faut que le maître soit libre également.
Référence philosophique.
Kant exprime cette vision de la discipline qui permet à l’enfant de faire usage de sa propre liberté tout en respectant celle des autres. Même si certains robots évolués peuvent travailler en autonomie et en collaboration avec les humains, ils ne seront jamais dotés de la même liberté que celle dont l’individu a besoin pour devenir un véritable citoyen moral.
Donner les conséquences de la théorie de Kant pour l’idée défendue en troisième partie et conclure la sous-partie.
La formation civique et morale ne peut donc être dispensée par un être incapable de penser librement ou de développer ses propres convictions morales et politiques. Il revient donc à l’homme libre qui dispose d’une certaine sagesse, d’éduquer sa propre espèce.
Pour conclure, après avoir étudié tous les aspects de l’éducation, on voit clairement que celle-ci ne peut être entièrement confiée à des robots. Certes, ses capacités et performances peuvent pallier les erreurs et les faiblesses humaines en accumulant une somme de savoir immense pour les transmettre aux humains à travers les âges. Cependant, le robot n’a pas le langage qui permet une relation intersubjective basée sur la réciprocité : il lui manque une sensibilité, des affects pour une relation maître-élève saine et féconde. Je conclue que ceux-ci ne peuvent nous élever moralement en développant un savoir être et une liberté qui sert dans la vie du citoyen.
Les questions du jury et les réponses apportées sont des suggestions. Nous te conseillons de t’inspirer de la démarche et de la méthode pour le jour J, il n’est pas intéressant de les apprendre par cœur. En ce qui concerne les questions portant sur le projet d’études et professionnel, réfléchis-y en amont, tu auras forcément une question dessus !
Conseils :
Réponse argumentée
Si, en effet aujourd’hui les machines ressemblent de plus à plus à l’homme, y compris sur les sentiments. C’est ce que montre le film de Koji Fukada, Sayônara, dans lequel on voit que l’humain projette son identité et ses propres affects sur l’humanoïde. Mais ce n’est qu’une illusion il n’y a pas véritablement de réciprocité puisqu’ils n’ont pas d’empathie, ils ont simplement été programmés pour nous aider. Ils sont déterminés à agir comme ça. C’est ce que Simondon appelle le « mythe du robot » dans Du mode d’existence des objets techniques. Ils n’ont pas d’intériorité.
Qu’est-ce que la présence des machines (ordinateurs, tablettes, smartphones, vidéoprojecteurs) vous a permis de faire pendant votre scolarité ?
Réponse argumentée
L’informatique a été très utile par exemple pour faire des recherches web. On trouve les informations très rapidement. Mais il faut faire attention avec la rapidité et prendre le temps de vérifier les sources de ce qui est dit sur internet. Tout n’est pas correct. Les ordinateurs et les projecteurs en classe permettaient de regarder des images et de rendre les cours plus interactifs. L’application Pronote que nous avons sur notre smartphone nous permet de suivre notre scolarité bien plus facilement. Les informations circulent plus vite. C’est aussi un outil pour communiquer avec les professeurs et la vie scolaire. Cependant, je l’ai vécu pendant la crise sanitaire, l’école à la maison est plus difficile à supporter car il n’y a pas d’interaction réelle, et c’est beaucoup moins vivant.
Vous avez utilisé la notion d’explosion d’intelligence, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que c’est ?
Réponse argumentée
C’est une hypothèse qui prévoit que dans le futur, des améliorations technologiques ne vont faire que s’amplifier de manière exponentielle. Cela a pour conséquence ce que l’on appelle « la singularité technologique », où les conséquences sur la société humaines sont incertaines vu les changements considérables que cela pourrait entraîner. L’humanité pourrait alors perdre le contrôle de son destin si les robots deviennent de plus en plus intelligents, leur intelligence pourrait même dépasser l’intelligence humaine.
Il y a le film I Robot inspiré des 3 lois d’Asimov où l’on voit les machines inventées par l’homme prendre le contrôle pour protéger l’homme de lui-même. Perdant le contrôle, l’homme se fait attaquer par sa propre invention.