La nature Notions essentielles Série de questions liées à la notion Nature vs culture La nature désigne ce qui est inné tandis que la culture est apprise et transmise. Comment concilier les deux ? L’homme est-il d’avantage déterminé par sa nature ou par sa culture ? Le romancier français Emile Zola et fondateur du naturalisme explique que l'homme est déterminé à la fois par son hérédité (nature) et par son milieu de vie (culture). Lorsque l'on considère que l'existence humaine est culturelle plus que naturelle on postule que les constructions sociales et l’éducation peuvent faire d’un individu ce que l’on veut. Peut-on comprendre la Nature ? La Nature désigne le vivant, la faune et la flore nous environnant. La Nature est ce qui nous entoure, mais comment la comprendre ? De quoi est-elle faite ? comment fonctionne-t-elle ? Peut-on connaître cette Nature ? Si elle est le produit de Dieu, comment pourrions-nous la connaître ? Et si l’on peut la connaître, de quoi est-elle composée et quels sont les principes de son fonctionnement ? La nature est-elle mécanique, c’est-à-dire qu’elle peut s’expliquer par des relations logiques et des échanges physico-chimiques entre les êtres ? Ou est-elle plus complexe à comprendre ? Concepts Nature Le terme est polysémique, c’est-à-dire qu’il a plusieurs sens. La nature (avec un « n » minuscule se distingue ainsi de la Nature (avec un « N » majuscule). La Nature est un concept renvoyant à l’ensemble des réalités matérielles existant indépendamment de l’humain, autrement dit tout ce que l’homme peut observer et qui n’est pas le résultat de son activité. La nature quant à elle désigne l’ensemble des caractères, des propriétés qui définissent un être. La nature est ici synonyme d’essence. Vie Ensemble des phénomènes (croissance, reproduction) que tous les être vivants ont en commun, animaux comme végétaux, de la naissance à la mort. La mort se définit alors comme le moment où il n’y a plus de vie. Être vivant Être possédant un corps et répondant à certaines conditions telles que le fait d’avoir un métabolisme indépendant ou d’être un système vivant complexe organisé. L’état de nature L’état de nature est un état théorique utilisé par les philosophes pour désigner un état où il n’y aurait pas de règles pour organiser la vie des hommes dans le monde. Dans cette conceptualisation, les hommes ont des besoins naturels (se nourrir, se défendre …) et une liberté naturelle (caractérisée par une absence de contrainte extérieure). Thomas Hobbes, John Locke et Jean-Jacques Rousseau sont, par exemple, des philosophes de l’état de nature, on parle aussi des philosophes contractualistes ou de « l’École du droit naturel ». Vitalisme Courant de pensée selon lequel le vivant n’est pas seulement réductible aux lois physico-chimiques, et qui considère que la matière est insufflée par un principe ou un élan vital permettant la vie et son développement. Mécanisme Courant de pensée selon lequel le vivant fonctionne à la manière d’un mécanisme parfaitement réglé et suivant uniquement des principes logiques et causals. Le vivant est dénué de toute finalité, il évolue machinalement. Selon Descartes, l’homme fait exception puisqu’il a une âme et fait usage de sa pensée. Matière La matière est ce qui compose tout corps, on l’oppose souvent à l’esprit qui n’est pas matériel mais psychique. Matérialisme Courant de pensée considérant que le réel, qu’il s’agisse d’êtres vivants ou non, sont composés de matière mais que la matière vivante est d’une plus grande complexité. Ainsi les causes du vivant pourraient s’expliquer par des échanges physico-chimiques. Immatérialisme Doctrine métaphysique niant l’existence de la matière au profit de celle de l’esprit. Les auteurs immatérialistes pensent ainsi que tout est perception mais qu’en dehors de la perception aucun monde matériel n’existe. Atomisme Courant de pensée, dans le domaine de la physique, considérant que toute chose est composée de minuscules entités indivisibles appelées atomes. Atome (atomos, en grec « insécable ») L’atome est la plus petite entité qui existe, elle compose toute chose et en particulier la matière. Continuisme Courant de pensée, dans le domaine de la physique, qui considère que toute chose est composée de matière divisible à l’infini. Cette définition du réel remet en question la possibilité de savoir de quoi la matière est faite. Faune / Flore La faune désigne l’ensemble des espèces animales vivant dans un espace géographique déterminé. La flore désigne l’ensemble des espèces végétales vivant dans un espace géographique déterminé. Culture La culture désigne ce qui est commun à un groupe d’individu et ce qui le soude, c’est-à-dire ce qui est transmis, appris, produit et inventé au sein de ce groupe social. Ainsi la culture s’oppose à la nature en cela que la nature est innée, et la culture acquise. Repères utiles Contingent / Nécessaire Est contingent ce qui peut être ou ce qui peut ne pas être. Un événement contingent est un évènement qui peut être ou ne pas être, comme le fait d’aller à la boulangerie ou de ne pas y aller. Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être. Un événement nécessaire est un événement qui ne peut pas ne pas être. La Nature, en cela qu’elle est éternelle et environnante, est une nécessite. La Nature désigne ainsi l’état du monde tel qu’il est dans sa forme la plus primitive, en cela la Nature est nécessaire. À l’inverse, la faune et la flore qui la peuplent sont contingentes car tel végétal ou telle espèce peut exister ou peut ne pas exister. Transcendant / Immanent Ce qui est transcendant est d’une réalité supérieure aux autres. Le terme de transcendance renvoie aussi à un principe extérieur et supérieur qui détermine les choses sans que l’on puisse toujours en saisir les causes. Dieu ou le temps sont des entités transcendantes, en tant qu’elles existent à un degré ontologique (c’est-à-dire un degré d’existence) supérieur au nôtre. Ce qui est immanent est ce qui est contenu dans la nature d’un être, ce qui ne provient pas d’un principe extérieur. Ainsi, est transcendant ce que l’on peut tenter de saisir sans jamais comprendre, et est immanent ce qui provient de nous-mêmes. La Nature, en ce sens est transcendante car elle n’est pas compréhensible totalement par l’homme. La multitude de courants de pensée voulant expliquer la Nature comme le vitalisme, le mécanisme, le matérialisme ou l’immatérialisme témoignent de cette incertitude. De plus la nature en tant qu’elle désigne notre essence est aussi transcendante puisque nous ne sommes pas encore capables de déterminer avec certitude ce qui a donné naissance à l’espèce humaine, est-ce une évolution comme l’explique Charles Darwin ou est-ce une intervention divine ? Auteur(s) Baruch SPINOZA Spinoza est immanentiste, autrement dit, il pense que Dieu n’est pas une entité transcendante mais immanente à la Nature. Ainsi, Dieu ne relève pas d’une réalité différente et supérieure du monde mais en fait partie et le compose. En effet Spinoza pose une identité entre Dieu et la Nature. Ainsi, dans la Nature tout est déterminé par Dieu. Tous les liens nécessaires qui unissent les idées d’une démonstration sont déterminés par Dieu, mais l’homme accepte librement ces liens malgré leur nécessité. Ainsi l’homme accepte et fait un choix libre malgré la détermination de la Nature par Dieu. En posant que Dieu est immanent à la Nature, Spinoza remet en question un anthropocentrisme latent, en effet le dieu de Spinoza n’est pas un dieu de la création créant le monde pour l’homme, cette conception est selon lui, le produit de l’homme voulant se placer au centre de l’univers. Claude BERNARD Principes de médecine expérimentale Selon ce physiologiste français, le rôle du biologiste est le même que celui de n’importe quel autre scientifique, à savoir déterminer les causes et les lois qui agissent sur un objet. Ainsi il est possible d’atteindre une connaissance de la Nature et des phénomènes extérieurs en examinant les causes des phénomènes et non leurs fins. Il a une conception matérielle et mécanique de la nature et du vivant en tant que tous les phénomènes peuvent s’expliquer logiquement en suivant les causes et les lois qui régissent les phénomènes. Il insiste alors sur le fait que la question à poser n’est pas « pourquoi », autrement dit, le sens de la nature, en vu de quelle fin tel organe joue tel rôle, mais « comment », c’est-à-dire de quelle manière tel organe réalise sa tâche de la bonne manière. DESCARTES Descartes adopte une vision non pas vitaliste mais mécaniste du vivant et de la nature. En effet, selon lui, les corps vivants et les corps morts sont composés tous deux de matière. Il distingue cependant deux substances, le corps qui est étendu et l’âme qui est pensante. Parallèlement, il attribue tout mouvement du vivant au corps et non à l’âme. De là, il pose sa conception mécaniste du vivant : ce qui fait le vivant c’est un certain agencement de la matière qui n’est mue que par le mouvement mécanique de ses différents éléments à la manière dont une horloge, une fois remontée, fonctionne de manière autonome. La mort est alors selon lui le moment où le mécanisme se rompt et que les interactions entre les différentes parties du mécanisme ne marchent plus. George BERKELEY Selon ce penseur irlandais, le concept de « matière » est vide de sens et ce que l’on perçoit n’est jamais ce qui est, mais ce qui paraît, on parle d’immatérialisme. Ainsi, suivant la célèbre formule « être, c’est être perçu », une chose n’existe pas en elle-même mais en tant que chose perçue. En effet, les qualités des objets que nous percevons, autrement dit le produit de nos sens - qu’une chose soit grande, petite, froide, chaude, rugueuse ou douce - sont observées du point de vue de la perception et en dehors de cette perception l’objet n’existe pas. Ainsi, l’idée de « matière » ne correspond à rien de réel puisqu’il n’existe que ce dont nous avons une perception directe, autrement dit les qualités de la matière et non la matière en elle-même. Ainsi selon Berkeley il nous sera possible de voir qu’un homme est grand ou qu’il est petit, mais il nous sera impossible d’observer la matière de cet homme. Enfin Berkeley explique que les choses existent même quand individuellement nous ne les percevons pas parce qu’ « il peut y avoir quelqu‘autre esprit qui les perçoit pendant que nous ne les percevons pas ».