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Fiche vérifiée

LA TECHNIQUE

La notion "technique" étant très liée à la notion "travail", la frontière entre les concepts sera moins précise qu’entre les autres notions. Certains concepts et auteurs pourront et devront êtres utilisés à la fois pour des sujets sur la technique et pour des sujets sur le travail. Ces deux notions sont complémentaires.

Questions et problématiques liées à la notion

Peut-on penser l’origine de la technique ? La nature doit-elle être dépassée ?

Les innovations techniques impliquent-elles de nouvelles responsabilités ? Avons-nous des devoirs envers les générations futures qui contraignent le développement des innovations techniques ?

L’homme se définit-il par l’outil ? L’homme est-il le nouvel outil de la machine ?

Est-il possible de concilier éthique et technique ? Peut-on tout faire au nom du progrès ?

Concepts

Technique

Du grec tekhné qui signifie "habileté" ou "manière de faire", la technique désigne l'ensemble des moyens mis en œuvre pour transformer la nature afin de l’adapter aux besoins humains.

  • Technique / Nature. La nature produit ses fruits par elle-même, tandis que l’homme produit ses objets par des moyens techniques.
  • Technique / Éthique. La technique répond à des objectifs d’utilité et d’efficacité – elle répond à la question "comment faire ?" - alors que l’éthique recherche ce qui est bon et désirable – elle répond à la question "est-il souhaitable de ?".

Outil

Du grec, organon. Un outil est un objet fabriqué qui sert à agir sur la matière, à effectuer une tâche.

Homo-faber

Terme latin désignant l’homme en tant qu’il est capable de fabriquer des outils.

Le terme "homo-faber" est notamment utilisé par Bergson pour désigner l’homme fabricateur d’outils en tant que c’est cette capacité lui permet de se distinguer des animaux.

Machine

Appareil ou ensemble d’appareils capable d’effectuer un certain travail ou de remplir une certaine fonction, soit sous la conduite d’un opérateur, soit de manière autonome.

Divison du travail

La division du travail peut renvoyer à différentes notions distinctes comme la DST, division sociale du travail (entre différentes classes sociales), la division sexuelle du travail (entre hommes et femmes), la DTT, division technique du travail (entre les travailleurs en attribuant une tâche précise à chacun) et la DIT, division internationale du travail (entre les différents pays).

Division technique du travail

La DTT, principalement développée par Adam Smith, (XVIIIe siècle), désigne le mode de production dans lequel chaque ouvrier à une tâche bien définie à faire et à laquelle il doit se tenir.

Progrès technique

Ensemble des inventions, innovations ou découvertes permettant d’augmenter la production et la productivité. Les innovations peuvent êtres des innovations de produit, de procédé ou de marché. La division du travail est par exemple un progrès technique.

Innovation technique

Une innovation technique est une innovation, c’est-à-dire une invention commercialisée et rendue publique, qui concerne la manière de produire. Par exemple, la DTT est une innovation technique.

NTIC

Les "Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication" désignent l’ensemble des technologies permettant de traiter des informations numériques et de les transmettre.

Les NTIC sont un progrès technique posant des questions de gestion de la confidentialité et de la maitrise des techniques utilisées par l’homme.

Bioéthique

Domaine d’étude des problèmes moraux liés à la recherche et les techniques biologiques et génétiques utilisées.

Le clonage est par exemple l’un des domaines concerné par la bioéthique puisqu’il met en jeux des principes éthiques forts, comme le respect de l’intégrité du corps humain et la singularité de chaque être, tout en s'insérant dans une dimension progressiste.

Eugénisme

Ensemble des recherches et pratiques qui portent sur la mise en œuvre de méthodes génétiques censées améliorer l’espèce humaine.

Brevet

Outil juridique permettant de protéger une innovation technique en attribuant l’invention à son inventeur exclusivement.

Repères utiles

Contingent / Nécessaire

Est contingent ce qui peut être ou ce qui peut ne pas être. Un événement contingent est un évènement qui peut être ou ne pas être, comme le fait d’aller à la boulangerie ou ne pas y aller. Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être. Un événement nécessaire est un événement qui ne peut pas ne pas être, comme la fin du monde qui est une réalité inéluctable.

Appliqué à la notion de la "technique", on peut se demander si l’avancée du progrès technique est un événement nécessaire ou contingent de l’histoire de l’humanité ?

En acte/ En puissance

Il s'agit d'une distinction, remontant à Aristote, entre deux manières d'envisager des êtres et des processus. Est en acte ce qui est achevé, ce qui n'est pas (ou plus) en devenir et dispose pleinement de toutes ses propriétés. Au contraire, est en puissance, soit ce qui est en cours d'accomplissement, ce qui est en train de s'actualiser (potentialité dynamique), soit ce qui pourrait devenir autre chose (pure potentialité). Par exemple, le nouveau-né est en puissance doué de langage : sans le posséder en acte, il en a la potentialité. Le langage est chez lui une disposition dynamique qui s'actualise de plus en plus.

L’homme, en un sens, aurait ainsi la potentialité de progresser et d’atteindre un degré infini de technicité dans ses outils et ses nouvelles technologies. Des technologies comme la télé-transportation ou le clonage industriels seraient en puissance dans notre société, c’est-à-dire potentiellement réalisable dans un futur plus ou moins proche, mais pas en acte, puisque pas encore réalisés à notre époque.

Auteur(s)

ARISTOTE

Parties des Animaux

"Ce n’est pas parce qu’il a des mains que l’homme est le plus intelligent des êtres, mais parce qu’il est le plus intelligent qu’il a des mains. "

Selon Aristote, la nature ne fait rien au hasard. Elle aurait crée l’homme comme l’être le plus intelligent mais aussi le plus doté. A l’inverse de ce que dit Platon dans le Protagoras, à savoir que l’homme est le moins doté de tous les animaux puisqu’il n’a aucun moyen naturel de se défendre (ni griffe, ni venin) et qu’il est obligé de dépendre du don du feu de la part des dieux pour survivre, Aristote présente l’homme comme doté de "l’outil de loin le plus utile : la main". En effet la main est capable de créer d’autres outils, elle est un "outil qui tient lieu des autres".

La technique n’est donc pas présentée comme une création artificielle de l’homme mais comme un moyen naturel de multiplier les outils permettant de maitriser la nature.

Jean-Jacques ROUSSEAU

Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité chez les hommes (1755)

Rousseau analyse le passage hypothétique d’un état de nature à l’état civil.

La naissance de la technique est le résultat de la nécessité qu’avait l’homme de répondre aux exigences naturelles, fabriquer des flèches pour chasser, une ligne et un hameçon pour pêcher etc. En somme l’origine de la technique apparait comme le fait d’un être intelligent et courageux luttant pour sa propre liberté.

Néanmoins, par un mouvement d’orgueil, l’homme a voulu étendre cette domination du monde animal sur le monde humain. Dès lors, les outils qu’il crée servent à son confort plus qu’à sa survie et une "perdition morale" se met en place.

Ainsi la technique est le fait d’un être intelligent, mais le progrès technique, en tant qu’il est sans fin, transforme l’homme en un être orgueilleux et dépendant.

Henri BERGSON

L’évolution créatrice (1907)

"L’intelligence, envisagée dans ce qui en parait être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d’en varier indéfiniment la fabrication."

Selon Bergson l’homme se définit par sa capacité à fabriquer et à utiliser les instruments qu’il a créés, il est un homo-faber avant d’être un homo-sapiens. Ainsi, là où l’animal utilisera ses attributs (bec, griffes, nageoires) pour se nourrir, chasser ou se déplacer, l’homme a la capacité d’inventer des instruments ayant une fonction précise pour subvenir à ses besoins.

Bergson va jusqu’à définir une époque non pas par l’histoire traditionnelle, ponctuée de guerres et de conflits, mais par les inventions qui la caractérisent, à la manière dont on qualifie l’époque durant laquelle l’homme fabriquait armes et ustensiles en pierre par "l’âge de pierre".

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