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Fiche vérifiée

La vérité

Questions liées à la notion

Pourquoi l’homme recherche-t-il la vérité ?

La vérité est-elle accessible à l’homme ou cet objectif n’est-il en réalité qu’une illusion ?

Peut-on juger toutes nos idées en termes de vérité et de fausseté ?

Toute vérité est-elle bonne à dire ?

Existe-t-il plusieurs degrés de vérités ?

Une croyance peut-elle devenir une vérité ?

Peut-on parler des vérités au pluriel ou la vérité est-elle unique ? Dans ce cas là, qu’est-ce qu’elle désigne ? Est-ce que les vérités correspondent aux différentes manières de percevoir que l’on appelle la Vérité ?

La recherche et la quête de savoir dans le but de tendre vers la connaissance de la vérité est-elle source de bonheur ou au contraire de frustration ?

La vérité et l’honnêteté, au sens où elles permettent la vie en collectivité et la fondation de sociétés, sont elles des valeurs humaines par essence ?

Concepts

Vérité

La vérité correspond à l’adéquation entre un jugement posé par l’esprit et la réalité qui est objet de ce jugement. Ainsi, la vérité n'a de sens que par rapport à une proposition.

Vérité logique

On parle de vérité logique lorsque le jugement, sous forme de proposition, est conforme au réel. Par exemple, la proposition "le ciel est bleu" est vraie si le ciel est en effet bleu, et est fausse s’il ne l’est pas.

Vérité scientifique

Le système de vérification scientifique fonctionne différemment puisque les jugements portent sur des phénomènes qui ne sont pas toujours observables, par exemple l’expansion continuelle de notre univers. Cependant il est possible d’établir des vérités scientifiques en utilisant des hypothèses et en progressant de manière logique.

Illusion

Erreur volontaire reposant sur un désir. Elle peut s'avérer être vraie même si la plupart du temps elle est erronée.

Jugement

De manière générale un jugement est un acte de la pensée, le plus souvent une proposition, qui porte sur le réel et qui peut être vraie ou fausse.

Image

L’image est une représentation mentale d’une idée qui doit faire l’objet d’une interprétation. L’image éloigne le sujet pensant de l’idée puisqu’elle est d’un degré de réalité inférieur.

Erreur

Le fait de se représenter le réel en se trompant involontairement. Chez Platon l’erreur est une forme d’ignorance et l’ignorance est source de mal puisque celui qui ne sait pas est capable de faire le mal par erreur, alors que celui qui sait est incapable de faire le mal, il peut éviter le mal si il sait ce que c’est et dans quoi il réside.

Mensonge

Fait d’affirmer volontairement le contraire d’une chose que l’on pense être vraie. Pour Platon il vaut mieux mentir, et donc cacher la vérité alors qu’on la connait, plutôt que de ne pas savoir.

Scepticisme

Courant en philosophie selon lequel l’homme ne peut rien affirmer de certain dans aucun domaine. Cette doctrine est fondée par Pyrrhon, ce dernier préconise alors, si l’on prétend être sage, de n’émettre aucun jugement afin de ne pas être dans l’erreur.

Représentation

Action de rendre présent à l’esprit ou de reproduire des images de manière instantanée et au moyen de la mémoire des sens.

Sincérité

La sincérité décrit une fidélité à soi-même dans l’acte et dans la parole. Etre sincère revient à exprimer ce que l’on pense sans filtre.

Honnêteté

Conformité à une norme sociale moralement reconnue. L’honnêteté n’agit pas au même niveau que la sincérité, elle exprime la conformité non à soi, mais à une norme sociale et à un système de valeur.

Opinion

Dans le langage courant, une opinion est un jugement non fondé par la raison, un avis subjectif et personnel.

Au sens philosophique, une opinion désigne un jugement qui n’est pas un savoir et qui ne peut donc pas être établi avec certitude. À l’inverse un savoir est une connaissance solide et indubitable qui n’est plus remise en question.

Evidence

Ce qui s’impose à l’esprit immédiatement sans que l’on ait besoin de preuves pour en reconnaître la vérité. Pour Descartes, l’évidence se manifeste sous forme d’ "intuitions" mathématiques. Par exemple il est évident, selon lui, que le tout soit plus grand que la partie, et il pose cette proposition comme un principe.

Validité

La validité se distingue de la vérité, en effet un raisonnement peut être valide, c’est-à-dire respecter des contraintes formelles et logiques qui font que le raisonnement fonctionne, sans que la conclusion soit vraie, dès lors l’erreur réside soit dans les prémices que l’on a posé, soit dans l’observation du réel.

Repères utiles

Croire / Savoir

Croire signifie tenir une chose pour vraie, sans être capable de la prouver ou de la démontrer. La croyance est ainsi subjective, et peut être sujette au doute, à l’incertitude et même se révéler fausse. Savoir signifie adhérer à une idée, tout en étant certain qu’elle est vraie. Contrairement à la croyance, le savoir est solide car fondé et donc objectif. C’est la raison pour laquelle la sagesse de Socrate réside dans le fait, qu’à la différence de ses adversaires, il ne croit pas savoir ce qu’il ne sait pas. Dit autrement, Socrate sait qu’il ne sait pas.

Le problème se pose en philosophie de déterminer les domaines qui permettent l’accès à un savoir authentique, par distinction avec ceux qui relèvent de la croyance. La vérité est ainsi du côté du savoir, elle représente ce qui est de l’ordre de l’universel et du certain, et par conséquent nécessaire.

Universel / Général / Particulier / Singulier

Est universel ce qui vaut en tout temps et en tout lieu pour tous. C’est en ce sens que les vérités scientifiques sont universelles : partout et toujours, la loi de la chute des corps sera observée. Est général ce qui vaut pour la majorité des cas, mais qui peut souffrir d’exceptions. Est particulier ce qui appartient seulement à une classe d’êtres. "Certains hommes sont des grands artistes" est une vérité particulière. Est singulier ce qui ne vaut que pour un individu. "Mozart est un compositeur de génie" est une proposition singulière.

La vérité vaut donc de manière universelle, prise en son sens le plus stricte elle ne peut pas être remise en question et vaut par conséquent pour tous, en tout temps et en tout lieu.

Objectif / Subjectif / Intersubjectif

Est objectif ce qui se rapporte à l’objet de la connaissance. En ce sens, un jugement est objectif quand il ne dépend pas, relativement à son contenu de la personne qui le prononce ; il tend donc à être universel. Les vérités mathématiques sont un modèle de vérités objectives : quelle que soit la personne qui l’affirme, deux et deux font toujours quatre. Est subjectif un jugement qui se rapporte au sujet de la connaissance. En ce sens un jugement est subjectif quand il relève de la personnalité de celui qui le prononce ; il tend donc à être relatif. "Je trouve que ce plat est bon." est un jugement subjectif. Est intersubjectif tout ce qui concerne les relations de personne à personne. Le fait qu’il y ait intersubjectivité signifie que l’être humain n’est jamais seul au monde, mais toujours déjà en relation avec les autres. Confronter sa pensée à celle des autres, dans la recherche scientifique et philosophique, mais aussi dans le domaine moral et esthétique montre le rôle de l’intersubjectivité dans la visée de l’universel.

La vérité, au sens où elle désigne un certain type de rapport du jugement au réel n’est ni subjectif ni intersubjectif mais ne dépend aucunement des hommes et se rapproche donc de l’objectivité.

Contingent / Nécessaire

Est contingent ce qui peut être ou ne pas être. Un événement contingent est un évènement qui peut advenir ou ne pas advenir, comme le fait d’aller à la boulangerie ou ne pas y aller. Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être. Un événement nécessaire est un événement qui ne peut pas ne pas se réaliser.

La vérité est en rapport au réel, elle est donc tout aussi absolue et univoque que lui.

Essentiel / Accidentel

Est esentiel ce qui correspond à l’essence de la chose, de l’être, ce qui la définit dans sa nature la plus profonde. Est accidentel ce qui arrive accidentellement, et donc non nécessairement, à l’être. Le fait que l’on puisse faire usage de notre pensée et de notre raison est un critère essentiel dans notre humanité, alors qu'être blond, brun ou roux est un accident, cela ne détermine pas notre essence.

La vérité est essentielle puisqu’elle est en rapport au réel qui l’est aussi. Au contraire, l’erreur est accidentelle, puisque l’erreur est précisément un accident : elle aurait pu ne pas être.

Idéal / Réel

Ce qui est idéal renvoie à ce qui est inatteignable et imaginaire mais qui peut tout de même être atteint. Du latin idea, le mot "idée" renvoie, depuis Platon, à un objet de la pensée relevant du domaine de l’esprit et non du corps, donc de ce qui est immatériel. Ce qui est idéal est donc ce qui relève du monde des idées. Ce qui est réel renvoie à ce qui est matériel et existe en acte dans le monde. Du latin res, "chose", le réel désigne ce qui nous entoure, qui a un corps et une essence.

Ce qui est vrai correspond non pas à une image ou à une représentation idéale, mais correspond au réel tel qu’il existe indépendamment de nous.

Vrai / Probable / Certain

Est vrai ce qui est effectif en toute circonstance, qui a une certaine nécessite dans son existence. Est probable ce qui peut être vrai mais qui a plus de chances d’être vrai. Le probable relève de la contingence. Est certain ce qui indubitable et qui adviendra nécessairement. Un événement certain est un événement dont la probabilité de succès est de 100%.

Hypothèse / Conséquence / Conclusion

Du latin hypothesis, "action de mettre dessous", l’hypothèse est la proposition reçue indépendamment de sa valeur de vérité, qui précède la thèse, permet de poser certaines conditions et de prévoir des conséquences futures. Du latin consequi, "suivre, venir après", la conséquence désigne ce qui est le résultat d’une cause ou d’un principe et qui en découlent de manière nécessaire et logique . Du latin concludere, "fermer, finir", la conclusion désigne la dernière conséquence d’un raisonnement logique qui infirme ou confirme les hypothèses de départ.

Hypothèse, conséquence et conclusion sont donc trois étapes nécessaires lors d’une démonstration logique. La plupart du temps ce sont ces mêmes étapes, utilisées dans un contexte scientifique, qui permettent de vérifier des propositions ou de les infirmer (montrer qu’elles sont fausses), et ainsi d'en montrer le caractère vrai ou faux.

Auteur(s)

PLATON

La République, Livre VII, IVème siècle av. J.-C.

L’allégorie de la caverne

Mythe très célèbre chez Platon puisqu’il fait ressortir les points importants de la thèse platonicienne de la connaissance. Le monde sensible est une illusion, ou du moins il n’est qu’une représentation qui ne ressemble que de très loin au monde des idées et aux Idées elles-mêmes.

L’histoire que raconte le mythe :

Socrate imagine, pour convaincre son interlocuteur, Glaucon, de se figurer une "demeure souterraine en forme de caverne" dans laquelle il y aurait des prisonniers. Ces prisonniers ont grandi dans cette carverne sans jamais en sortir, et sans jamais voir le monde extérieur. Étant donné leur position, les seules réalités auxquelles ils ont accès sont les ombres des choses réelles projetées sur le mur de la caverne. Ils se méprennent en pensant voir le réel alors que ce ne sont que des projections des objets réels.

Socrate propose d’abord d’imaginer qu’un des prisonniers réussit à sortir de cette caverne. Au contact des choses réelles et de la lumière, il est d'abord ébloui et dérangé par ce qu’il voit et refuse même que ce soit le "vrai" monde, étant donné qu'il n'a connu que des ombres. Il en vient à vouloir retourner dans la caverne en se confortant dans ce qu’il connait.

Socrate propose ensuite une manière plus progressive de sortir de la caverne. Et si le prisonnier était progressivement sorti de la caverne en passant par plusieurs étapes sans le confronter directement aux choses extérieures ? Ainsi, en voyant d’abord les ombres des choses réelles, puis leur reflet dans l’eau puis les objets eux-mêmes, puis les astres pendant la nuit, puis les astres pendant le jours et enfin le soleil lui-même, le prisonnier pourrait s’habituer progressivement à contempler le réel. Ainsi il pourrait comprendre que le soleil est cause de toute chose et que ce qu’il pensait être le réel dans la caverne n’était en fait qu’une illusion. Ce cheminement est individuel, puisque même si le prisonnier prévenait ses camarades, ils pourraient refuser, et s'ils acceptaient, ils seraient obligés de suivre la même démarche progressive pour pouvoir contempler le réel.

Le sens du mythe

La caverne correspond au domaine du sensible et à ses modes de connaissances (l’opinion et la croyance). Le monde extérieur correspond au domaine intelligible et à ses modes de connaissances (connaissance discursive et intellection).

Tout comme les prisonniers de la caverne, les hommes sont prisonniers de l’illusion sensible qui rend difficile l’accès aux choses intelligibles. Nous sommes nous aussi prisonniers des illusions et des opinions dans lesquelles notre corps nous enferme.

LEIBNIZ

Leibniz distingue deux types de vérités :

  • Les vérités de fait

Ce sont des vérités contingentes dont l’opposé est également possible. Elles peuvent porter sur des réalités sensibles. "Il pleut" est une vérité de fait, le contraire est possible et l’on peut vérifier cette vérité.

Ce sont des vérités nécessaires dont l’opposé n’est pas possible, elles sont universelles et sont vraies quelque soit le contexte. Ce sont des vérités logiques et souvent utilisées dans des raisonnements puisqu’elles sont solides et indubitables. "2+2 = 4" est une vérité de raison, elle est nécessairement vraie.

William JAMES

Le Pragmatisme, 1907

"Le 'vrai’ consiste simplement dans ce qui est avantageux pour notre pensée. "

Selon le pragmatiste américain William James, vérité et utilité sont intimement liées. En effet, si l’on suit le courant de pensée pragmatique, doctrine selon laquelle les choses ne sont vraies que si elles fonctionnent réellement, ce qui est vrai est utile, En effet, ce qui est utile a une application concrète et un fonctionnement, et suivant le courant pragmatique, ce qui a un fonctionnement est vrai, donc l’utile est vrai. En ce sens, il est important de démontrer les vérités qui nous servent, sans nécessairement démontrer celles qui ne le sont pas. Selon William James, les vérités absolues sont d’abord des vérités utiles que l’on a immobilisé et rendu indubitable pour s’en servir.

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