Dissertation :
Pour connaître la vérité, faut-il nécessairement en passer par l’erreur ?
Introduction
Amorce :
La recherche d’un savoir fondé et justifié est à l’origine des sciences et de la philosophie.
Définitions des termes du sujet. La vérité est la correspondance exacte entre une représentation ou un énoncé avec la réalité qu’ils décrivent. L’erreur quant à elle désigne l’inadéquation entre un énoncé et un fait réel.
Problématique :
L’erreur autrement dit le fait de se tromper dans sa représentation des choses, du monde, est-elle une étape nécessaire à la connaissance de ce qui est vrai ? La connaissance de la vérité est-elle l’aboutissement d’un processus au cours duquel on se serait égaré, on aurait commis des erreurs pour finalement voir « la lumière au bout du tunnel » ?
Annonce du plan :
Nous verrons dans un premier temps que connaitre la vérité implique souvent de faire des erreurs préalables, et dans un deuxième temps, qu’il est cependant possible d’accéder à la vérité de manière immédiate, sans en passer par l’erreur.
Développement
I. Pour connaitre la vérité il faut nécessairement passer par l’erreur
Nous étudions dans une première partie, l’hypothèse selon laquelle, pour connaitre la vérité, il faut nécessairement en passer par l’erreur.
Argument A :
Tout d’abord rappelons que la vérité et l’erreur sont des concepts. L’idée de ce qui est vrai n’existe que relativement à l’idée de ce qui est faux. Ainsi on peut dire que pour exister en tant que concept la vérité a besoin de l’erreur.
Exemple, référence A :
Ainsi pour Gaston Bachelard, “La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres.” Cela rejoint l’idée que en tant que concept relatif, la vérité a besoin de l’erreur, tout comme la lumière a besoin de l’ombre.
Argument B :
Dans le même ordre d’idées, pour démontrer qu’une théorie est fausse, il suffit d’un contre-exemple. Ainsi, on peut dire que la vérité : « savoir que quelque chose n’est pas » a besoin de l’erreur, on a besoin d’avoir émis une hypothèse, construit une théorie fausse, pour connaitre la vérité que quelque chose n’est pas.
Exemple B :
Afin de trouver des théories démontrées scientifiquement, les chercheurs ont parfois besoin de tâtonner, de se tromper, avant d’arriver à une vérité : un énoncé qui rend compte de la réalité des faits. Les biologistes doivent parfois faire plusieurs expériences et se tromper avant de trouver un vaccin ou un traitement efficace pour certaines maladies.
Référence B :
Selon Karl Popper, une théorie est considérée comme scientifique, si elle laisse la possibilité dans sa construction, d’être réfutée par des tests, autrement dit si elle permet aux scientifiques de la confronter à des tests qui la mettent à l’épreuve pour potentiellement permettre de démontrer qu’elle est fausse. Tant que cette théorie répond favorablement à ces tests, elle sera considérée comme vraie. Ainsi toute théorie qui n’a pas été réfutée est considérée comme vraie.
Référence B :
Par ailleurs, Descartes, avec le cogito, est passé par l’erreur ou plus précisément par le doute pour énoncer ce qu’il considère être la seule vérité humaine : « je pense donc je suis ». Il a montré que nos sens peuvent nous tromper, nos émotions peuvent nous tromper, finalement, on peut toujours se tromper et se questionner, mais il y a une chose sur laquelle on ne peut pas se tromper, c’est sur le fait que lorsque nous doutons, nous pensons et lorsque nous pensons, nous sommes. Afin de d’aboutir à cette vérité, Descartes en est passé par l’erreur, le doute.
Transition :
Pour autant, certaines vérités n’ont pas besoin de l’erreur pour arriver à notre conscience ou à notre connaissance.
II. Il n’est pas nécessaire de passer par l’erreur pour connaitre la vérité
Dans une deuxième partie, nous analysons l’hypothèse, selon laquelle il n’est pas nécessaire de passer par l’erreur.
Argument A :
Si j’ai un coup de foudre, la vérité de mon amour pour la personne va m’apparaitre comme une évidence, et je n’ai pas besoin de passer par l’erreur pour savoir que je l’aime pour de vrai.
Argument B :
Il en va de même pour les vérités qui relèvent de la morale. Les pensées et actions que je considère comme relevant du Bien, m’apparaissent comme des vérités, sans qu’il soit nécessaire que j’en passe par l’erreur ou que j’ai à le démontrer. Si je considère comme relevant du Bien suprême d’aider une personne en danger, si je vois une personne en danger, je l’aiderai, et ceci constitue ma vérité.
Argument C :
Certaines vérités collectives n’ont jamais été démontrées, et n’ont jamais été confrontées à l’erreur non plus. En ce sens elles ne sont pas vraiment des vérités scientifiques, et pourtant elles sont considérées comme des vérités. Quand nous disons par exemple : « le soleil se lève tous les matins », nous voulons en réalité dire qu’il est extrêmement probable que le soleil se lève demain et tous les autres matins. Un tel énoncé est fondé sur une expérience faite un nombre indéfini de fois et l’homme n’en est pas passé par l’erreur pour le connaitre.
Argument D :
Une autre forme de vérité immédiate réside dans la foi religieuse, croire en Dieu ne nécessite aucune démonstration, il s’agit d’une vérité évidente pour les personnes qui croient en son existence. On ne peut pas se tromper de croire en Dieu quand on a la foi.
Conclusion
Bilan :
Nous avons montré dans un premier temps que certaines vérités doivent être démontrées pour être établies, et en ce sens, ont besoin de l’erreur. Cependant, nous avons également constaté que d’autres faits sont vrais immédiatement et sans nécessité d’exister en comparaison à l’erreur. Finalement les vérités qui ont besoin de l’erreur s’apparentent à ce que Leibniz appelle les “vérités de raisonnement” tandis que les vérités qui nous apparaissent immédiatement, peuvent être ce qu’il nomme les “vérités de fait”.
Ouverture / nuance :
La loi de la gravité théorisée par Newton fait exception puisqu’il l’a découverte “par hasard”, sans avoir eu besoin de se confronter à l’erreur alors que allongé sous un arbre, une pomme lui est tombée sur la tête.