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Fiche vérifiée

Comment est structurée la société française actuelle ?

Sujets corrigés d’épreuve composée n°1

1. Comment Marx définit-il les classes sociales ?

Amorce et définition des termes

Karl Marx est un économiste et sociologue du XIXème siècle. Il propose une analyse réaliste des classes sociales, c’est-à-dire qu’il décrit "ce qu’il voit". Marx définit les classes sociales uniquement selon un critère économique : la position dans le processus de production. Néanmoins une définition plus large peut en être donnée, au sens général une classe sociale désigne un groupe social de grande dimension dont les membres partagent des critères communs liés à la position sociale comme le revenu, la profession, le tout hiérarchisé.

Affirmation

Selon lui dans la société du XIXème siècle deux classes sociales s’opposent : les bourgeois, qui détiennent les moyens de production, et les prolétaires, qui vendent leur force de travail pour subsister.

Explication

C’est à partir de cette opposition que Marx définit la notion de classes sociales, il s’agit d’un groupe social caractérisé par une position spécifique dans le système de production. Trois conditions doivent être réunies pour que l’on puisse parler de classe sociale au sens marxiste. Les individus doivent occuper la même place dans les rapports de production, ils sont soit propriétaires des moyens de production, soit prolétaires, Marx parle alors de classe en soi, car ils forment objectivement une classe sociale. Selon l'analyse marxiste, les individus sont également dotés d'une réelle conscience de classe, c’est-à-dire qu’ils ont conscience d’appartenir à un groupe ayant des intérêts communs et des modes de vie semblables, Marx parle de classe pour soi : chacun des deux groupes a conscient d'une part de ses intérêts propres d'autre part, du fait que ces intérêts s'opposent aux intérêts de l'autre classe. Enfin, ils se mobilisent pour défendre leurs intérêts contre l’autre classe, c’est la lutte des classes.

Illustration

Karl Marx établit l’ensemble de sa pensée en se basant sur le contexte historique et économique de son temps, c’est-à-dire le XIXe siècle. On retrouve donc une illustration parfaite à sa théorie. Les capitalistes sont les bourgeois dotés en capitaux qui payent les prolétaires. De leur côté, les prolétaire sont les ouvriers qui travaillent dans les mines ou les usines sans avoir de visibilité sur ce qu’ils font, ils sont simplement de la main d’œuvre. Le passage de la classe en soi à la classe pour soi a bel et bien eut lieu, c’est par la violence et la lutte des classes que les ouvriers se sont progressivement sentis unis contre un ennemi commun : le bourgeois capitaliste qui les exploite.

Conclusion

L’analyse marxiste de la structure sociale est une conception réaliste, car selon lui, les classes sociales existent réellement, les individus d’un même groupe ont réellement des intérêts communs à défendre et une conscience de classe.

2. Montrer que les rapports de classe peuvent s’articuler avec les rapports de genre.

Définition des termes du sujet

Au sens général, une classe sociale est un groupe social de grande dimension dont les membres partagent des critères communs liés à la position sociale comme le revenu ou la profession, le tout hiérarchisé. Les rapports de classes sont des rapports conflictuels entre deux groupes d’individus ayant des conditions économiques d’existence semblables et luttant l’un contre l’autre pour conserver plus de droits ou bien obtenir de meilleures conditions de vie. Enfin, les rapports de genre sont des rapports souvent conflictuels fondés sur le genre, autrement dit fondées sur un ensemble de caractéristiques relatives à la masculinité et à la féminité ne relevant pas de la biologie mais de la construction sociale.

Affirmation

Les rapports de classes peuvent s’articuler avec les rapports de genre dans la mesure où l’un et l’autre induisent des relations potentiellement conflictuels entre deux groupes d’individus pour des raisons de différenciations socialisées et luttant l’un contre l’autre au nom de droits ou privilèges qu’ils veulent obtenir ou conserver dans l’espace social.

Explication

Les classes sociales ont historiquement été définies par Marx. Selon lui deux groupes sociaux s’opposent : les prolétaires et les bourgeois. Les bourgeois dominent les prolétaires car ils détiennent les moyens de production qui leur permet d’exploiter les prolétaires et de prélever une plus-value sur leur travail. Les rapports entre les deux classes sont donc conflictuels : les prolétaires luttant pour mettre un terme à l’exploitation, et donc à la propriété privée des moyens de production qui en est la cause, et les bourgeois pour conserver leur privilège fondée sur cette propriété. Les rapports de genre de nature conflictuelle ont une structure similaire : les femmes luttant ensemble en tant que groupe pour obtenir des droits égaux à ceux des hommes et renverser le privilège détenu par les hommes.

Illustration

Cette similitude entre rapports de classes et rapports de genre s’observe facilement sur le marché du travail. La position occupée par un individu dans les rapports sociaux de classe s’articule avec la position qu’il ou elle occupe dans les rapports sociaux de genre. Ainsi, les femmes cadres et les femmes employées partagent certaines caractéristiques (ex : salaire en moyenne plus faible que les hommes), mais diffèrent selon d’autres (phénomène du « plafond de verre » pour les femmes cadres ; temps partiel subi et horaires de travail décalés pour les femmes employées).

Conclusion

D’autres critères de différenciation que les classes sociales peuvent être pris en compte pour analyser la structure sociale, comme le sexe. Cependant ces deux critères ne sont pas incompatibles, et peuvent même s’articuler, c’est le cas notamment si l’on s’intéresse aux phénomènes des salaires sur le marché du travail.

3. Montrer que l’on assiste à la multiplication des facteurs d’individualisation.

Définition des termes du sujet

L’individualisation est un processus lié au système capitaliste et à l’avènement de la démocratie. Il tend à donner plus d’importance aux individus et à les isoler des groupes auxquels ils appartiennent. L’individualisation conduit les individus à revendiquer leur autonomie et leur indépendance vis-à-vis des groupes sociaux traditionnels.

Affirmation

Dans les sociétés modernes on assiste à une multiplication des facteurs d’individualisation. Ce processus affecte de nombreux domaines de la vie sociale, dont le travail, la famille, l’école, la religion ou la culture.

Explication

Tout d’abord dans le monde du travail on observe une individualisation des processus qui réduit la place du collectif : multiplication d’entreprises de petites tailles, perte d’influence des syndicats, transformation des modes d’organisation du travail qui isolent les individus les uns des autres. L’individualisation dans le domaine politique passe par l’affirmation d’un militantisme pour soi, au détriment des partis politiques et organisations syndicales et contestataires. Dans les rapports au religieux les individus revendiquent une relation plus personnelle et plus autonome à la croyance, contre l’autorité symbolique des Églises. En ce qui concerne la famille, les enfants sont encouragés à construire un projet de vie personnel et indépendant de celui des parents. Au sein de l’école, la pédagogie met l’accent sur l’autonomie de l’élève, et on observe le développement d’un rapport utilitariste à l’école, il s’agit pour les élèves d’obtenir les meilleurs résultats en vue d’intégrer une « bonne » école, pour faire un « bon » métier : l’école devient un outil en vue d’une fin plus qu’une instance de socialisation ou un lieu d’apprentissage global. Enfin on observe une singularisation des pratiques culturelles, chaque individu construit sa combinaison propre de produits en mélangeant des pratiques issues de la culture bourgeoise et d’autres pratiques culturelles plus populaires.

Illustration

Prenons assez simplement l’exemple du marché du travail. Avec l’apparition des primes chaque salarié ou employé se retrouve seul face à une tache qu’il doit réaliser au mieux. L’esprit de cohésion et le sentiment d’appartenance sont affaiblis par ce principe de primes qui ne sera accordé qu’au meilleur.

Conclusion

La multiplication de ce genre de transformation sur le marché du travail, à l’école ou plus simplement dans la vie courante, participe à une individualisation croissante des comportements. Elle conduit entre autres à un affaiblissement des logiques de classes.

4. Quels processus conduisent à la remise en cause des frontières entre les classes sociales ?

Définition des termes du sujet

Au sens général, une classe sociale est un groupe social de grande dimension dont les membres partagent des critères communs liés à la position sociale comme le revenu ou la profession, le tout hiérarchisé. L’analyse en termes de classes sociales suppose une identification subjective à un groupe social pour chacun des individus qui compose ce groupe. Cette identification désigne le fait pour un individu d’avoir conscience d’appartenir à un groupe jusqu’à revendiquer cette appartenance.

Affirmation

Plusieurs éléments, plusieurs processus remettent en cause l’identification subjective d’un individu à un groupe social : la réduction de la distance interclasse, l’augmentation des distances intra-classe, la multiplication de critères hétérogènes de définition des groupes sociaux et la moyennisation de la société.

Explication

Tout d’abord la distance interclasse mesure les inégalités entre individus appartenant à deux classes différentes. Les évolutions récentes de la société française font apparaitre une réduction des distances interclasses qui a pour conséquence un brouillage des frontières entre les classes sociales. Ce phénomène s’explique notamment par la massification scolaire, le rapprochement des styles de vie depuis les Trente Glorieuses et l’homogamie. Ensuite, l’augmentation des distances intra-classes qui mesurent les inégalités de niveau de vie en termes économique, social et culturel entre individus appartenant à une même classe sociale, a également conduit à une diminution du sentiment subjectif d’appartenance à une classe sociale. Autrement dit l’augmentation des inégalités sociales et économiques au sein d’une même classe sociale remet en cause l’intégrité de cette dernière et donc remet en cause la frontière que cette dernière a avec les autres classes sociales. De plus les Trente Glorieuses ont contribué à ce qu’Henri Mendras nomme la moyennisation de la société : processus qui se traduit par un poids plus important de la classe moyenne. Il en résulte un relatif effacement des frontières de classes et une réduction des inégalités. Enfin, les critères d’appartenance subjective à un groupe se sont multipliés et ne concernent plus uniquement le niveau de vie économique et la sphère du travail, en effet on se définit également en fonction de ses pratiques culturelles, de ses loisirs (sport, musique…), de la participation à une association, de son sexe, etc. La multiplication de ces critères conduit à une remise en cause des frontières entre les classes sociales.

Illustration

La disparition progressive de la classe ouvrière témoigne bel et bien de cet effacement des frontières entre les différentes classes sociales. Dans ce cas, c’est la fin de l’ère industrielle et de l’importance des bastions ouvriers, pourtant majeurs au début du XIXème siècle, qui engendra une diminution du sentiment d’appartenance mettant fin à cette classe sociale.

Conclusion

Aujourd’hui, plusieurs processus, parmi lesquels la moyennisation, la réduction des distances interclasses et l’augmentation des distances intra-classes, ainsi que la multiplication des critères de sentiment d’appartenance subjective ont conduit à une remise en cause des frontières classes. Cependant, le mouvement des gilets jaunes ou encore la montée du mouvement féministe peuvent indiquer que les classes sociales n’ont pas disparu mais que leurs critères de définition et les enjeux de leur lutte ont évolué.

5. Présentez 2 facteurs qui permettent d’expliquer l’émergence du phénomène de moyennisation de la société française durant les Trente glorieuses.

Définition des termes du sujet

On parle de « moyennisation » de la société pour désigner une homogénéisation des modes de vies et pratiques culturelles et sociales. Autrement dit la moyennisation désigne une réduction du nombre de membres appartenant aux classes les plus aisées et du nombre de membres appartenant aux classes les plus populaires et à l’inverse une augmentation des individus dont la situation économique est intermédiaire. De plus, la période que représentent les Trente Glorieuses désigne les années qui suivent la fin de la seconde guerre mondiale et qui ont été consacrées à la réparation du pays et également à la mise en place d’un Etat Providence. Elles sont caractérisées par des taux de croissance élevés, une hausse des salaires et niveau de vie, le plein emploi ou encore la réduction des inégalités.

Affirmation

Deux éléments propres aux Trente Glorieuses permettent d’expliquer la moyennisation durant cette période : un élément économique et un élément politique.

Explication

D’une part la production et la consommation de masse ont permis au plus grand nombre d’avoir accès aux biens de consommation courantes et à l’électroménager : frigo, lave-linge, voitures. La production de masse a conduit au développement du salariat et des classes intermédiaires. D’autre part, les Trente Glorieuses sont marquées par une volonté politique de réduire les inégalités économiques et sociales, c’est cette volonté qui a conduit à l’instauration d’un État Providence qui met en place des droits sociaux pour tous : éducation, santé, chômage, retraite…

Illustration

Afin d’illustrer le phénomène de moyennisation durant les Trentes Glorieuses utilisons les nombreux biens de consommation courante tels que les téléviseurs, les jeans ou les automobiles (à une moindre échelle) qui, à cette époque, passèrent du statut de bien exclusivement dédié aux foyers les plus aisés, à un public bien plus large. En 1960, que l’on soit un ouvrier ou un cadre, riche ou pauvre, le jeans est un produit que tous les individus portent et qui tend à moyenniser la société française.

Conclusion

Des éléments de nature à la fois économique et politique ont permis pendant les Trente Glorieuses de réduire les inégalités économiques et sociales entre les citoyens, et conduit au processus de moyennisation de la société.

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