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Quelles sont les mutations du travail et de l’emploi ?

Rappelez les critères de l’organisation post-tayloriste du travail

Amorce

Le modèle de production tayloriste a révolutionné la façon dont les entreprises produisaient, en introduisant une grande rationalité dans leur organisation. Il a toutefois connu une crise et s’est progressivement vu remplacé par les modes d’organisation dits post-tayloristes.

Affirmation

L’organisation post-tayloriste du travail se distingue radicalement des modes de production fordistes en valorisant la flexibilité et la responsabilisation des travailleurs, contrairement aux principes défendus par Frederick Taylor.

Définition des termes du sujet

L’organisation post-tayloriste du travail se caractérise par la flexibilité, la polyvalence des travailleurs ainsi que le management participatif.

Explication + Illustration n°1

Ces nouveaux modes d’organisation de la production accorde une grande importance à la flexibilité des travailleurs. Au sein de l’organisation tayloriste du travail, chaque travailleur jouait un rôle bien défini et avait un rythme de travail très précis. A l’inverse, les modèles post-tayloristes favorisent une flexibilité des travailleurs tant au niveau des horaires de travail que des compétences requises ou encore du lieu de travail. Elle permet de s’adapter à l’évolution rapide de la demande en faisant rapidement changer l’organisation productive si besoin est, à l’image du télétravail durant la crise sanitaire en 2020.

Explication + Illustration n°2

L’organisation post tayloriste du travail s’appuie également sur la polyvalence des tâches effectuées par les travailleurs. Frederick Taylor plaidait dans le cadre de la division horizontale du travail pour un nombre le plus réduit possible de tâches afin de permettre la spécialisation des travailleurs et des gains de temps par la réduction du nombre de gestes effectués par les ouvriers. A l’inverse, les nouveaux modes de production requièrent des travailleurs une grande adaptabilité. L’évolution rapide de la demande et la nécessité de comprimer le nombre de personnes employées dans l’objectif de réaliser des économies impose aux salariés de pouvoir faire preuve d’une grande polyvalence. En témoignent, les startup où les rôles sont très peu définis et chacun contribue autant que possible et de façon très variable à l’actualité de l’entreprise (communication, démarchage commercial, événementiel, etc.).

Explication + Illustration n°3

Enfin, l’organisation post tayloriste repose sur le management participatif. Là où le taylorisme était fondé sur la division verticale du travail entre les tâches de conception et d’exécution, ainsi que sur la surveillance active des ouvriers, l’enjeu est aujourd’hui de responsabiliser les travailleurs. Au lieu d’un contrôle permanent, l’enjeu est de fixer des objectifs à moyen terme aux travailleurs afin que ces derniers se les approprient et choisissent eux-mêmes les moyens pour y parvenir. Le contrôle permanent du contremaître est remplacé par un simple examen annuel de performances qui vise à faire le point sur l’atteinte des objectifs des travailleurs.

Conclusion

En conclusion, l’organisation post-tayloriste du travail rompt avec les principes fondamentaux édictés par Taylor que sont la division verticale et horizontale du travail ainsi que la surveillance des ouvriers. Au contraire, il repose sur une flexibilité, une polyvalence et une responsabilisation des travailleurs.

Donnez et illustrez deux critères de la qualité des emplois

Amorce

Les mutations du marché de l’emploi et l’émergence des auto-entrepreneurs soulèvent aujourd’hui des questions relatives à la qualité des emplois créés par les plateformes numériques comme Uber, Amazon ou Deliveroo.

Affirmation

L’enjeu n’est pas uniquement de créer des emplois mais des emplois de qualité, c’est-à-dire qui ont un effet positif sur le bien-être des travailleurs et leur permettent de s’intégrer socialement ainsi que d’avoir accès à des droits sociaux.

Définition des termes du sujet

La qualité de l'emploi est un concept multidimensionnel dont il n’existe pas aujourd’hui de définition univoque et harmonisée à l’échelle internationale. Elle renvoie à des emplois respectant des critères économiques et sociaux bénéfiques pour les travailleurs que sont : le niveau de salaire, la sécurité économique, le potentiel de formation, la variété des tâches ou les conditions de travail (santé, stress, sécurité).

Explication + Illustration n°1

Un emploi de qualité apporte une sécurité économique. Il est donc relativement protecteur pour les travailleurs en empêchant qu'ils puissent être licenciés de façon discrétionnaire (arbitraire) et sans préavis. Cette protection permet dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée (CDI) d’apporter au salarié une certaine stabilité économique. A l’inverse, plusieurs types d’emplois n'offrent pas de sécurité économique. Il en est ainsi des contrats à durée déterminée (CDD) ou des emplois d’intérim qui sont instables tant dans le temps de travail que dans la durée du contrat. Ces formes atypiques d’emploi ne sont pas aussi bénéfiques pour les personnes qui les occupent que les CDI qui offrent au travailleur une visibilité de long terme sur sa situation socio-économique et constitue une protection plus marquée contre la précarité.

Explication + Illustration n°2

Un autre critère de la qualité de l’emploi est la variété des tâches effectuées par le travailleur. Un emploi de cadre qui requiert une grande polyvalence de la part du salarié va offrir plus de bien-être qu’un emploi d’ouvrier spécialisé dans une usine du secteur industriel. Le travail à la chaîne des ouvriers qu’illustre le film de Charlie Chaplin Les temps modernes représente une qualité bien moindre qu’un emploi de manager dans une grande entreprise. Au-delà de la sécurité du travail et la fatigue physique, l’ouvrier spécialisé exécute des tâches de façon répétitive dans une logique tayloriste là où le cadre va être confronté à différentes problématiques dans la journée et avoir une variété d’actions plus importante qui lui apportera plus de bien-être et de satisfaction intellectuelle.

Conclusion

La qualité de l’emploi est déterminante dans le bien-être qu’il apporte à l’agent économique. S’il n’existe pas de définition uniforme, plusieurs critères peuvent être utilisés pour mesurer la qualité d’un emploi, à l’image de la sécurité économique offerte par le CDI contrairement aux formes atypiques d’emploi ou de la variété des tâches d’un emploi.

Expliquez la crise du modèle de production fordiste

Amorce

Le fordisme s'est instauré comme modèle après la seconde guerre mondiale, puis a connu une crise profonde à partir des années 1970 et s’est vu concurrencé par les modes de production dits post-tayloristes qui ont essaimé depuis les années 1980.

Affirmation

La transformation des économies occidentales après-guerre, l’évolution rapide de la demande et les exigences croissantes de changement des travailleurs ont fait entrer le mode de production fordiste en crise.

Définition des termes du sujet

Le modèle de production fordiste a été mis au point par l’entrepreneur américain Henri Ford et reposait sur le travail à la chaîne, la standardisation des produits et un salaire élevé dit « d’efficience ».

Explication + Illustration n°1

Le premier facteur de crise du fordisme émane des travailleurs eux-mêmes. Ils avaient dans un premier temps bénéficié à plein du modèle fordiste, notamment à travers le salaire très élevé qui leur était offert comme en témoigne le succès du salaire journalier de 5$ offert aux ouvriers de Ford, lequel avait attiré un grand nombre de travailleurs. On parlait alors de « compromis fordiste » (Robert Boyer) pour désigner la convergence des intérêts entre syndicats de salariés et patronat. Toutefois, ces derniers ont après-guerre remis en question les autres fondements du fordisme, notamment le travail à la chaîne et la fragmentation des tâches que le fordisme intégrait dans la lignée du taylorisme. Ce fonctionnement posait deux problèmes. D’une part, il pesait fortement sur le bien-être des travailleurs en réduisant l’intérêt de leur travail parcellisé. D’autre part, par la monotonie des tâches, il n’incitait pas les travailleurs à innover, alors même que l’innovation devenait un des principaux moteurs de la croissance. En conséquence, les modes d’organisation post-tayloristes qui ont alors émergé dans les années 1980 - comme le Toyotisme - ont à l'inverse du fordisme mis en avant l’autonomie des travailleurs et leur polyvalence.

Explication + Illustration n°2

Le second vecteur de la crise du fordisme provient des consommateurs et de l’évolution de la demande. Alors que le fordisme s’était appuyé sur le principe de standardisation des produits, les consommateurs ont progressivement fait évoluer de plus en plus rapidement leurs souhaits de consommation. Avec l’essor de la publicité, les entreprises ont ainsi dû développer une capacité à faire rapidement évoluer leur production afin de s’adapter à ces fluctuations. À rebours du fordisme, elles ont ainsi eu besoin de renforcer leur flexibilité et la variété de leur gamme de produits dans le temps. Par exemple, alors qu’Henri Ford disait que les consommateurs « peuvent choisir n’importe quelle couleur pour la Ford T, à condition qu’elle soit noire » (illustrant leur faible choix), l’entreprise Zara fait évoluer ses gammes de produits chaque trimestre afin de s’adapter aux évolutions de la mode.

Conclusion

L’évolution de la demande adressée aux entreprises et les désirs des travailleurs pour plus de polyvalence ont fait entrer le modèle fordisme en crise. Désormais, pour s’adapter à ces évolutions, des modèles post-tayloristes fondés sur la flexibilité, la polyvalence des travailleurs et le management participatif ont vu le jour.

En quoi l’emploi est-il facteur d’intégration sociale ?

Amorce

L’émergence d’emplois d’autoentrepreneurs dans le cadre des plateformes numériques (Deliveroo, Uber) fait émerger le débat relatif à la perte du pouvoir intégrateur du travail.

Affirmation

Alors que les récentes évolutions du marché de l’emploi dans le cadre de la numérisation de l’économie tendent à remettre cet aspect en question, le travail a longtemps été facteur d’intégration sociale majeur.

Définition des termes du sujet

L’emploi désigne un travail rémunéré et déclaré qui permet d’acquérir un statut social du fait de revenus et des droits sociaux qu'il procure. L’intégration sociale renvoie quant à elle à un processus par lesquels un individu est affilié par de multiples liens sociaux aux membres d’un groupe social dans lequel il vit.

Explication + Illustration n°1

Premièrement, l’emploi est intégrateur au plan économique. Avoir un emploi confère en effet des avantages économiques qui permettent de s’insérer dans la société. Il apporte un revenu et une sécurité économique qui permettent d’accéder à l’autonomie financière mais également de participer à des loisirs ou de fonder une famille. Ces ressources financières et la stabilité que confère un emploi favorisent ainsi l’intégration sociale des travailleurs à la vie économique de la nation mais également dans leur vie personnelle en donnant accès à des activités payantes. Enfin, l’emploi protège de la précarité grâce aux revenus que les travailleurs tirent de leur activité.

Explication + Illustration n°2

Deuxièmement, l’emploi est également intégrateur au plan social comme l’ont montré les théories d’Emile Durkheim sur la division du travail. Selon lui, cette dernière est à l’origine de la cohésion sociale dans les sociétés modernes. Au niveau individuel, l'emploi confère tout d’abord un statut social à la personne qui en possède un et permet au travailleur de renforcer son identité par le travail qu’il réalise, le métier d’une personne étant un élément essentiel de l’identité d’un agent social. L’emploi confère également des droits sociaux. Par le biais des cotisations sociales que versent les travailleurs, l'emploi donne accès à des droits importants (retraite, chômage, maladie, famille) auxquels les personnes qui ne cotisent pas ne peuvent pas toujours accéder. Enfin, l’emploi offre également un cadre de socialisation secondaire et permet aux travailleurs d’entretenir des relations sociales avec des collègues. A l’inverse, le chômage prive les personnes concernées de ces avantages. Il menace de réduire la confiance en eux des agents sociaux ou de les priver de droits sociaux. Dans les cas extrêmes, la perte de l’emploi peut entraîner le déclenchement de la « désaffiliation sociale » définie par Robert Castel, comme le processus par lequel la rupture du lien professionnel causé par le chômage s’accompagne de l’affaiblissement des réseaux de sociabilité de l’individu.

Conclusion

Bien que certaines évolutions du monde du travail tendent à les remettre en cause, l’emploi - notamment les formes dites "typiques" d'emploi - demeure un facteur d’intégration sociale par les avantages économiques et sociaux qu’il procure.

Qu’est-ce que la polarisation de l’emploi ?

Amorce

Le progrès technique est aujourd’hui accusé d’accroître la polarisation des emplois en faisant émerger des emplois très faiblement qualifiés à l’image des livreurs Uber ou Deliveroo.

Affirmation

La polarisation de l’emploi menace aujourd’hui fortement les économies des pays industrialisées dans un contexte de mondialisation et d’accélération du progrès technique.

Définition des termes du sujet

La polarisation des emplois désigne l’augmentation du nombre d’emplois très qualifiés et d'emplois peu qualifiés en parallèle d’une diminution des emplois intermédiaires. On dit ainsi que le marché de l’emploi se polarise aux extrémités de la qualité des emplois.

Explication + Illustration n°1

La polarisation des emplois se traduit par une création d’emplois aux extrémités du spectre du marché du travail. D’une part, le progrès technique et le numérique aboutissent à la création d’emplois hautement qualifiés. Les ingénieurs et concepteurs que requièrent ces innovations représentent des emplois hautement qualifiés et de très grande qualité (car conférant une sécurité économique, des salaires élevés, une variété des tâches etc.). À l’inverse, les innovations ne suppriment pas certaines tâches manuelles peu rémunérées comme les travailleurs du « care » auprès des personnes dépendantes par exemple. Comme le décrit Sarah Abdelnour dans Les nouveaux travailleurs des applis, elles tendent même à créer des emplois peu qualifiés et précaires de « digital labor » à l’image des travailleurs du clic pour nourrir les algorithmes de machine-learning qui nécessitent des tâches effectuées par des humains ou des auto-entrepreneurs des plateformes (Uber, Deliveroo).

Explication + Illustration n°2

À l’inverse, l’innovation et le numérique détruisent des emplois dits intermédiaires. Ils ciblent en effet les métiers dont les tâches peuvent être reproduites par des algorithmes et qui sont donc en général répétitives. En permettant à ces tâches d'être effectuées par des machines, le progrès technique conduit donc à supprimer des emplois de qualification et qualité intermédiaire, à l’image des comptables, de certaines fonctions administratives comme le métier de secrétaire ou également des métiers de guichets.

Conclusion

La polarisation des emplois découle de la numérisation de l’économie. Elle se traduit par la création d’emplois aux extrémités du spectre de la qualité des emplois - très qualifiés et non qualifiés - et est associée à la disparition de certains emplois intermédiaires.

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