Identifier, protéger et valoriser le patrimoine
Patrimoine (sens premier)
Désigne l’ensemble des objets transmis en héritage suivant des lois, des parents aux enfants. Définition originale mais le concept s’est ensuite beaucoup élargi, notamment aux biens immatériels, traditions, savoir-faire, etc.
Patrimoine immatériel
Transmission de rituels, expressions orales, célébrations, connaissances, pratiques sociales…Il existe une convention à l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Haussmannisation
Le baron Haussmann entreprend de réaliser d’immenses travaux afin de transformer la capitale parisienne et de l’adapter à la modernisation de la société, en plus de proposer un nouvel esthétique.
Patrimoine et héritage
Le patrimoine contribue traditionnellement à la légitimité du pouvoir qui participe souvent d’une mythologie des origines. Le terme romain de patrimoine concerne une légitimité familiale qu’entretient l’héritage. L’héritage présente un aspect beaucoup plus abstrait que concret fondé sur l’essence des objets, les savoirs, les modes et les rythmes de vie.
Le patrimoine incarne le lien entre passé, présent et futur pour les sociétés et générations. Il permet à l’Histoire de conserver une trace, d’observer l’évolution des peuples, de comprendre les époques, de connecter les individus entre eux. Son rôle est à la fois historique et symbolique. Le patrimoine est porteur de valeurs que les « anciens » ont voulu transmettre aux générations suivantes, la transmission et l’interprétation du patrimoine peut générer des tensions.
Le rapport entre rupture et patrimoine est délicat : lorsque les sociétés décident de rompre avec un élément d’une époque, ou de profondément modifier une organisation (fonctionnement d’une ville, parti politique, système de gouvernement, mode de vie d’une population), la conservation du patrimoine reste-elle pertinente ? La société doit-elle entretenir un patrimoine (souvent visible tel que bâtiments, constructions) qui incarne une période révolue ? Que faire du patrimoine de périodes sombres de l’Histoire ?
Le patrimoine ne désigne pas seulement les bâtiments ou les éléments visibles mais aussi un héritage immatériel – la notion a évolué et s’est enrichie récemment. Il devient un élément central de la question culturelle, il est au cœur de réflexions sur les différences et points communs entre les peuples, sur les liens entre les populations distinctes au cours des siècles.
Les conflits liés au patrimoine peuvent être liées à l’identité : si le patrimoine comprend autant de marques culturelles et d’indices historiques, c’est qu’il représente aussi la manière dont les peuples se perçoivent eux-mêmes, et le message qu’ils souhaitent faire passer au monde extérieur.
En 1789, le symbole de l’absolutisme monarchique est transformé par les révolutionnaires en un espace ouvert, libre, c’est une auberge, un potager. L’édifice est désacralisé. Le bâtiment qui était la demeure des rois, qui incarnaient le divin, perd ainsi de son statut et marque le bouleversement politique et social de cette époque. Lorsque la monarchie s’effondre quelques années plus tard, le château est pillé et les meubles dispersés.
Le Château de Versailles devient par la suite un patrimoine encombrant : la rénovation est trop chère, mais l’histoire du lieu trop riche pour abandonner totalement l’édifice. Napoléon le réhabilite en partie et y vit avec sa deuxième épouse, Marie-Louise d’Autriche.
A partir de 1830, Louis-Philippe décide de transformer le château en musée, et ainsi de réhabiliter progressivement le caractère prestigieux du lieu : Versailles devient une vitrine de la vie politique française, retraçant les principaux événements et acquérant petit à petit un mobilier et des œuvres d’art d’une grande valeur. Cette entreprise a aussi un objectif de réconciliation de la mémoire : on remet en valeur la monarchie et ses symboles.
Le Château est également un lieu témoin d’événements politiques clés. Suite à la guerre franco-prussienne et à
la défaite de la France, l’Empire allemand est annoncé/proclamé dans la Galerie des Glaces. Pendant la guerre
franco-prussienne la galerie des glaces devient un hôpital militaire pour les Prussiens qui assiègent Paris ;
pendant la Commune en 1871 les Chambres du Parlement s’installent à Versailles (on parle des « Versaillais »),
en 1919 est signé dans le château le traité de Versailles après 6 mois de réunion (Conférence de
Versailles).
Depuis la IIIème République Versailles garde une vocation politique : les révisions
constitutionnelles ont lieu à Versailles, certaines déclarations solennelles de chef d’État également (Sarkozy
2009, Hollande 2015, Macron en 2017 et 2018).
Sous la Vème République le lieu a accueilli les membres du G7, et donné lieu à des Congrès. Versailles est
une vitrine prestigieuse pour les présidents de la IVème et Vème république.
Un patrimoine symbole de grandeur
Construit de 447 à 432 av. J.C, le Parthénon avait à l’origine pour but de protéger la statue d’Athéna Parthénos, symbole d’une cité victorieuse, influente, berceau de la démocratie mais aux ambitions impérialistes.
Un patrimoine désacralisé au cours du Moyen-Âge
L’édit de Théodose en 380 instaure le christianisme au sein de l’Empire Romain et l’édifice perd ainsi sa sacralité. Au fil des invasions et des nouvelles religions instaurées, l’édifice incarne à tour de rôle en fonction des époques un lieu sacré pour plusieurs d’entre elles.
Un « succès » touristique lié à un aspect de « ruines »
Suite à l’explosion qui survient en 1687 au cours de la guerre de Morée, le temple est détruit en grande partie. Dans un contexte de renaissance et de glorification des ruines que l’on juge artistiques et mélancoliques, le Parthénon devient un site prisé, c’est le début de sa renommée.
Un conflit lié aux crises du Parthénon
Les frises réalisées par Phidias incarnent l’idéologie de la politique athénienne et les grands éléments de puissance de l’époque. Récupérées en 1801 par Lord Elgin et installées dans le British Museum dès 1816, elles feront bientôt l’objet d’une tension internationale. Dès l’indépendance de la Grèce, cette dernière réclame les frises. Dans les années 80 la ministre de la culture Melina Mercouri, tentera une nouvelle fois de récupérer les frises du Parthénon. Ce sujet constitue un conflit de longue date avec le Royaume Uni.
Une ville progressivement modelée par les évènements politiques
Capitale royale dès le VIème siècle, puis embellie de places et d’établissements aristocratiques tout au long
du XVIIème siècle, Paris est façonnée pour incarner le raffinement français et impressionner l’extérieur.
Elle est aussi témoin de bouleversements et de périodes de violence, comme la Révolution française ou la
Commune, qui transforme le visage de la ville.
Une modernisation radicale au XIXème siècle
Le baron Haussmann transforme la capitale et lui permet de s’adapter aux exigences de son temps. La ville développe ainsi un meilleur réseau de transport, d’égouts, de circulation, les conditions sanitaires s’améliorent et les bâtiments caractéristiques du style haussmannien voient le jour. Les travaux ont également un objectif sécuritaire : en élargissant les avenues et donnant plus d’espace aux services d’ordres, les révolutions et contestations semblent plus faciles à prévenir et gérer.
Un juste équilibre à trouver aujourd’hui entre « ville patrimoine » et « ville moderne »
Le patrimoine de Paris, ses bâtiments historiques, ses églises, les quais de seines, les musées, etc.
constituent une richesse indéniable et une source d’exploitation touristique immense (30 millions de touristes
chaque année).
Or, la ville doit également continuer à se développer en termes d’innovations architecturales,
écologiques, et tout en conservant le patrimoine, trouver de la place pour de nouveaux bâtiments essentiels.
Un patrimoine original et unique au monde
Venise est construite sur plus d’une centaine d’îles et bordée de palais et de bâtiments, reliés par des canaux.
Une richesse liée au développement du commerce au Moyen-Âge
Grâce à leur système colonial puissant et leur contrôle de la Crète notamment où ils prélèvent de forts impôts, les Vénitiens n’hésitent pas à parcourir le monde pour vendre et acheter leurs biens, ce qui explique le patrimoine de grande valeur de la ville et aussi son aspect éclectique.
Une ville délaissée lors de la découverte des Amériques
Suite à la découverte de l’Amérique en 1492, Venise perd de sa notoriété, le regard de l’Europe étant tourné vers l’Atlantique. Après plusieurs occupations européennes (l’Autriche et la France), Venise est finalement rattachée à l’Italie en 1866.
Un patrimoine de plus en plus en menacé
Depuis 1950, la lagune s’affaisse de manière inexorable, et la ville fondée sur des pilotis « baisse » de 2 millimètres par an. Les autorités sont contraintes de renouveler constamment les fondations et d’entreprendre des travaux coûteux pour éviter une catastrophe.
Cette menace de la nature et des inondations est combinée à la dégradation de la ville, résultat d’un tourisme de masse qui, malgré ses bienfaits économiques, pollue les eaux, et fragilise les bâtiments de moins en moins résistants (les paquebots touristiques notamment).
La sauvegarde du patrimoine
La loi spéciale de 1973 a été votée par le parlement italien dans l’espoir de mettre en place des actions de sauvegarde. L’Unesco se mobilise également pour la ville. Le projet Mose, conçu en 1984 et dont les travaux ont commencé en 2003, a pour objectif de construire un barrage mobile qui pourrait réguler la montée des eaux dans la lagune. A ce jour, le projet est menacé en raison de complications techniques et de scandales de corruptions.
Un patrimoine révélateur d’un très riche passé
Le Mali compte quatre sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO : Djenné, le tombeau des Askia, Tombouctou et la falaise de Bandiagara.
Un patrimoine grandement menacé par la guerre civile
Le Mali est en proie à une guerre civile qui rend difficile la protection de son héritage, et le budget alloué au patrimoine n’est plus suffisant, car les ressources économiques sont utilisées pour assurer la sécurité du pays.
Une indifférence de la population envers la question patrimoniale qui révèle un faible sentiment d’unité nationale
En raison des luttes ethniques qui sont présentes au Mali depuis de nombreuses années, la population peine à instaurer une identité culturelle commune. Les Maliens se sont éloignés de leur patrimoine et ne perçoivent pas toujours l’importance de la conservation. En 2012, un certain nombre de mausolées de Tombouctou furent détruits. Le responsable, Abou Tourab comparait en 2016 devant la Cour Pénale Internationale qui le condamne et précise que son action visait à abattre la population dans son âme. Le patrimoine joue aussi un rôle intime, presque sentimental parfois pour les populations. Aujourd’hui, le Mali bénéficie d’aides notamment de l’UNESCO pour tenter de reconstruire le patrimoine détruit, et protéger l’ensemble des œuvres culturelles de cette nation.
| Date | Evénement |
|---|---|
| 1931 | Charte d’Athènes pour la restauration des monuments historiques |
| 1945 | Création de l’UNESCO |
| 1964 | Fondation de l’inventaire du patrimoine |
| 1964 | Charte de Venise |
| 1972 | Convention de l’UNESCO sur la protection du patrimoine mondial culturel et naturel |
| 1973 | Loi spéciale de Venise |
| 2003 | Convention de l’UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine immatériel |
| 2003 | Début du projet MOSE |
| 2005 | Convention cadre du Conseil de l’Europe sur la valeur du patrimoine culturel pour la société |