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Fiche vérifiée

Le bonheur

Définition de la notion et questions découlant de cette définition

Le bonheur est-il accessible ? Ou au contraire n’est-il pas, par essence, insaisissable ?

Le but de la vie humaine est-il de chercher le bonheur ?

Le bonheur est-il manque ou plénitude ? L’homme est-il condamné à chercher le bonheur ?

Peut-on se satisfaire du malheur ou d’une situation malheureuse ?

La multitude de désirs que ressent l’être humain le condamne-t-il à être malheureux ?

Est-il possible de satisfaire tous ses désirs ? Et si cela était possible, est-ce que cela suffirait à atteindre le bonheur ?

Le bonheur est-il bon ? Est-ce que la quête irraisonnée et illimitée du bonheur mène réellement l’homme vers une situation de pleine satisfaction ou, au contraire, cette quête ne le condamne-t-elle pas à chercher indéfiniment un idéal chimérique au détriment du moment présent ?

Concepts

Bonheur

Bonum augurium : "bonne augure" = chance, hasard.

Le bonheur se définit, au sens strict, comme un état de pleine satisfaction, un état de satisfaction permanent.

Seulement, par son étymologie, ce terme suggère la présence du hasard, de la chance, dans sa réalisation. Or, la recherche philosophique s’est plutôt orientée vers une définition du bonheur comme étant un objet vers lequel les hommes tendent consciemment et non guidés par le hasard. On parle alors du « Souverain Bien » pour désigner le but de toute existence. Le bonheur est ainsi souvent assimilé à ce "Souverain Bien".

Souverain Bien

Summum bonum. Le Souverain Bien est l’objectif final recherché par tout être humain. On assimile souvent ce Souverain Bien au bonheur, qui est souvent considéré comme le but de la vie.

Désir

Le désir est un manque accompagné de la conscience de ce manque. L’absence d’argent en elle-même ne donne pas forcément lieu au désir, un homme pauvre qui se satisfait de ce qu’il a ne désire rien de plus. Seul celui qui a conscience de ce manque en tant que manque désire véritablement l’objet manquant, ici l’argent.

Plaisir

État affectif agréable, durable, que procure la satisfaction d’un besoin ou d’un désir. Plaisir et désir sont de natures différentes. Le plaisir est la satisfaction obtenu au moment de l’assouvissement du désir, le plaisir est un état alors que le désir est un manque (et non une sensation).

Besoin

Situation de manque. Le besoin se distingue du désir en cela qu’il a quelque chose d’essentiel là où le désir est un souhait non essentiel.

Divertissement

Le divertissement se définit communément comme un moyen de se divertir, un passe-temps agréable. Néanmoins, Pascal lui donne un autre sens, le divertissement est un moyen de fuir le rapport à soi-même, un moyen de faire diversion, ce qui est cohérent étant donné l’étymologie du mot, se formant du latin divertere signifiant "détourner". Le divertissement est ainsi également un moyen de se détourner de soi-même.

Maux

Douleurs passagères ou non faisant souffrir mentalement ou physiquement le sujet.

Ascétisme

Doctrine morale qui prône la cessation et le contrôle de ses désirs. L’ascétisme s’accompagne d’un mode de vie austère, frugale et rigoriste. Les ascètes se satisfont du strict minimum.

Hédonisme

Du grec hêdonê, "plaisir". Doctrine qui prend pour principe de la morale la recherche du plaisir et l’absence de souffrance.

Eudémonisme

Du grec eudaïmon, "heureux". Doctrine plus large, englobant l’hédonisme. Selon cette doctrine, le bonheur est le but de toutes nos actions et représente par conséquent le "Souverain Bien".

Savoir distinguer hédonisme et eudonisme

Il convient de faire la différence entre les deux doctrines. La doctrine hédoniste est moins large que l’eudémonisme, elle vise seulement à jouir des plaisirs en s’épargnant des souffrances tandis que l’eudémonisme traite de toute une morale des satisfactions de l’existence.

Ataraxie

L’ataraxie désigne l’absence de troubles psychiques et la tranquillité de l’âme.

Utilitarisme

Doctrine qui considère qu’une action est bonne ou mauvaise en raison de ses conséquences bonnes ou mauvaises sur le bonheur des individus. Cette doctrine vise le summum bonum, le "Souverain Bien". Le mot "utilitarisme" vient du terme utilité qui est un synonyme de satisfaction, ainsi mesurer l’utilité des individus dans une société revient selon cette doctrine à mesurer la satisfaction des individus.

Repères utiles

Absolu / Relatif

Est absolu ce qui est indépendant et ne varie pas. Est relatif ce qui dépend d'autre chose et varie en fonction de cette chose.

Le bonheur est la notion la plus liée à l’idée de relativité. Le bonheur est en effet propre à chacun et guide les hommes de manière différente dans leur quête.

Idéal/ Réel

Ce qui est idéal renvoie à ce qui est inatteignable et imaginaire mais qui peut tout de même être atteint. Du latin idea, le mot "idée" renvoie, depuis Platon, à un objet de la pensée relevant de domaine de l’esprit et non du corps, donc de ce qui est immatériel. Ce qui est idéal est donc ce qui relève du monde des idées. Ce qui est réel renvoie à ce qui est matériel et existe en acte dans le monde. Du latin res, qui signifie "chose", le réel désigne ce qui nous entoure, qui a un corps et une essence.

A la fois concret dans les désirs corporels que ressent l’homme et abstrait dans sa recherche, le bonheur est à la fois inatteignable, mais reste pourtant composé de désirs le plus souvent réalisables. La tâche la plus compliquée dans la recherche du bonheur étant peut-être, de savoir se contenter des désirs réalisables et de ne pas désirer sans cesse autre chose.

Auteur(s)

EPICURE

Lettre à Ménécée, IVème siècle avant J.-C

L’argumentaire d’Épicure dans cette lettre vise à montrer l’importance de la philosophie dans la vie des hommes afin qu’ils soient heureux. La philosophie permet notamment de considérer la mort de telle façon qu’elle ne soit plus une source de crainte. La conception du bonheur selon Épicure est par conséquent une conception "négative" du bonheur, au sens où le bonheur est l’absence de maux. Ainsi, en considérant la mort non pas comme une menace à notre vie mais comme un état suivant la vie, Épicure fait de la vie et de la mort deux réalités différentes sans point de contact réel et écarte la crainte de la mort de la vie des hommes. De cette manière, les hommes peuvent vivre sans la crainte de la mort, et donc vivre heureux.

"La philosophie est une activité qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse." EÉpicure

Dans la deuxième partie de la Lettre à Ménécée, il réalise une classification des trois types de désirs qui existent selon lui, afin de savoir quels désirs doivent être satisfaits ou non :

  • Les désirs naturels et nécessaires (manger, boire, se vêtir, faire de la philosophie). Ces désirs sont des désirs qu’il faut assouvir, qu’il faut satisfaire, sans quoi la vie du sujet est en danger. C’est dans la simple satisfaction de ces désirs naturels et nécessaire qu’Épicure place le bonheur. Il parle ainsi de "désir stable", qui, lorsqu’ils sont assouvis mettent le sujet dans une situation de repos. Après avoir mangé, l’homme ne désire rien d’autre, il a satisfait son besoin.
  • Les désirs naturels mais non nécessaires (manger des mets particulièrement bons, boire un verre de vin par exemple). Ces désirs sont naturels, mais ne sont pas nécessaires puisqu’il est possible de s’en passer. Le danger de ces désirs est dans leur excès.
  • Les désirs non naturels non nécessaires (vouloir être riche par exemple). Épicure les appelle les plaisirs du "débauché" parce qu’ils sont accompagnés de dépendance, sont souvent source de frustration et sont impossibles à combler.

Arthur SCHOPENHAUER

"La vie oscille comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui."

Par ces mots, ce philosophe allemand du XIXème siècle exprime une image importante de sa thèse concernant le bonheur : le pendule. Selon lui, l’être humain est incapable de saisir le plaisir lors de la satisfaction d’un désir mais se souvient de la souffrance préalablement ressentie. Une fois le désir assouvi, l’homme ne ressent aucune satisfaction et se tourne vers d’autres désirs. Ainsi il est condamné à ne ressentir une satisfaction que rétrospectivement, et au regard de la souffrance actuel du manque.

Exemple

Avant de manger, le sujet souffre de le faim. Au moment de manger, il n’apprécie pas la satisfaction de remplir sa panse. À la fin du repas il n’a plus faim, mais la manière qu’il a de percevoir cette sensation de satiété n’est pas à la hauteur de la souffrance préalablement ressentie. Ainsi, selon Schopenhauer, l’homme ne ressent jamais de satisfaction parce que la conscience ne mesure que la douleur de la privation et non la satisfaction de la réalisation du désir.

L’homme ne ressent ainsi que la souffrance avant la satisfaction du désir et l'ennui après la satisfaction de ce désir, avant de trouver un autre désir à combler et de recommencer ce même cycle infini.

Jeremy BENTHAM

"Agis toujours de manière à ce qu’il en résulte la plus grande quantité de bonheur."

Par ces mots, Bentham définit la bonne action de manière utilitariste en tant que l’action morale doit créer la plus grande quantité de bonheur possible. Autrement dit le bonheur du plus grand nombre est un but, un objectif qui guide les actions des individus.

Tonneau des Danaïdes

Vous pouvez utiliser cette référence en amorce de dissertation ou d'explication de texte sur le bonheur ;)

Si aujourd’hui l’expression "tonneau des Danaïdes" renvoie au caractère très dépensier d’une personne ou sert à évoquer une tâche absurde sans fin, elle fait historiquement référence à la mythologie grecque et a un sens beaucoup plus profond.

Le mythe

Les Danaïdes sont les cinquante filles du roi Danaos. Suite à la consultation d’un oracle lui révélant que les cinquante fils de son frère Egyptos veulent se marier puis tuer les Danaïdes, le roi Danaos accepte les fiançailles et donne l’ordre à ses filles de tuer leurs maris. Suite à cet acte, elles sont condamnées à aller en enfer et à remplir sans fin un tonneau percé.

Interprétation

Ce mythe est une image qui illustre parfaitement le paradoxe du bonheur. Aussi insatiable que ce tonneau troué, le bonheur échappe à celui qui se le donne comme objectif, il est ainsi une quête perpétuelle, mais à l’inverse de la peine des Danaïdes, sa recherche n’est pas nécessairement accompagnée de souffrance et peut permettre à l’homme de se construire.

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