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Fiche vérifiée

Le travail

Série de questions

Le travail aliène-t-il nécessairement ?

Le travail, en tant qu’il est la punition touchant Adam le condamnant à un effort physique pour obtenir un bien, est-il une contrainte ou un moyen de se libérer ? Est-il émancipateur ou aliénant ?

La libération de l’homme de la dictature de la nature par le travail est-elle une bonne chose ? L’homme travaille-t-il en vertu de sa nature ou à l’encontre de sa nature ?

Le travail, s’il est tantôt une activité aliénante et tantôt une activité permettant l’émancipation du sujet, est-il une valeur universelle ?

Concepts

Travail

Action que l’homme entreprend afin de transformer la nature pour l’adapter efficacement à ses besoins. Du latin tripaliare signifiant "tourmenter avec un tripalium". Un tripalium était instrument de torture ou instrument servant à ferrer les chevaux. Le travail a aussi le sens d’une punition puisque c’est la malédiction lancée par les dieux sur Adam suite au péché originel.

Travail épanouissant

Travail choisi et dont la maitrise des conditions peut être source de développement personnel et de satisfaction.

Travail aliénant

Travail imposé résultant souvent d’une volonté toujours croissante de productivité dans un environnement de production capitaliste ne permettant pas l’épanouissement personnel à cause d’une perte d’objectif personnel et de disparition de l’humanité du travailleur.

Homo-laborans

Terme latin désignant l’homme en tant qu’il travail.

Aliénation

Processus par lequel une personne atteint un état de soumission et d’asservissement tel qu’elle devient étrangère à elle-même.

Le travail en usine peut être aliénant car il réduit le geste humain à une action machinale et non réfléchie. Dans une telle situation l’homme joue le rôle d’une machine, il n’est plus lui-même.

Humanité

Caractère de ce qui est humain.

Ici l’humanité sera questionnée en tant qu’elle peut disparaitre ou se réaliser dans le travail.

Exploitation

Action de tirer un profit abusif de quelqu’un ou de quelque chose.

Industrialisation

Processus qui permet d’appliquer à un secteur, à une branche économique, des techniques et procédés industriels qui apportent une rationalisation et une hausse de productivité. La baisse des coûts de production et la hausse de la productivité passe souvent par un usage optimal des travailleurs et donc une exploitation de leur force de production.

Marxisme

Courant de pensée politique, sociologique et économique fondé sur la pensée de Karl Marx. Le marxisme est une idéologie reposant sur le principe de la "lutte des classes" afin de parvenir à une société sans classes sociales, c’est-à-dire dans laquelle la participation des prolétaires et des bourgeois capitalistes à la production serait comparable et la répartition des richesses produites sans inégalités.

Savoir-faire

Connaissance des moyens permettant l’accomplissement d’une tâche.

Machine

Appareil ou ensemble d’appareils capable d’effectuer un certain travail ou de remplir un certaine fonction, soit sous la conduite d’un opérateur, soit de manière autonome.

Ouvrier

Personne qui exécute un travail manuel, exerce un métier manuel ou mécanique moyennant un salaire.

Prolétaire

Agent économique qui ne dispose que de sa force de travail pour participer à l’activité productive.

Bourgeois capitaliste

Agent économique qui possède des moyens de production qu'il met à contribution pour participer à l’activité productive. Cette position leur permet d'extraire du processus de production une plus value qu'ils peuvent réintroduire au cycle de production suivant et ainsi augmenter la production. Cet appât du gain qui guide leur activité les mène à exploiter les prolétaires en tirant un maximum de leurs capacités jusqu’à les reléguer au rang de simple outil en niant leur humanité.

Repères utiles

Obligation / Contrainte

Les deux termes désignent un type de rapport qui limite notre liberté. L’obligation renvoie à une limite interne et immanente que le sujet se fixe lui-même, elle vise à l’obéissance. L’obligation est le résultat d’un choix de notre raison et donc de notre liberté. La contrainte renvoie à une limite extérieure et transcendante au sujet, il ne choisit pas la limite qui lui est imposée, elle vise la soumission par l’usage de la force. La contrainte nie la liberté du sujet.

Ainsi, si le travail est compris comme une obligation, autrement dit comme un devoir fixé par l’homme lui-même, il est source d’émancipation. À l’inverse, si il est une contrainte extérieure dont le sujet ne saisit pas les enjeux et à laquelle il se contente d'obéir alors le travail est aliénant et nie la liberté du sujet.

Auteur(s)

Karl MARX (1818-1883)

Philosophe, économiste, sociologue, historien, journaliste, théoricien de la révolution, socialiste et communiste allemand.

Il tente toute sa vie de mener une révolution visant à faire advenir le "grand soir", le soir de la révolution, espoir d’un bouleversement soudain et radical de l’ordre social existant et marquant la fin de la frontière entre les possesseurs des moyens de production et les exécutants.

  • La place du travail dans son idéologie

Le travail joue un rôle fondamental dans sa pensée puisqu’il est au cœur du mode de production qu’il dénonce : le capitalisme. Le travail est ce qui distingue le prolétaire - qui n’a que sa force de production pour vivre - du bourgeois capitaliste qui ne travaille pas mais fournit les moyens de production.

  • Opposition prolétaire / bourgeois capitaliste

Les prolétaires sont les agents économiques n’ayant que leur force de production à leur disposition pour vivre. À l’inverse, les bourgeois sont les agents économiques qui disposent des moyens de production pour participer à l’activité productive. Cette position leur permet de générer du capital supplémentaire pour en réintroduire au cycle de production suivant et ainsi augmenter la production. Cet appât du gain qui guide leur activité les mène à exploiter les prolétaires en tirant un maximum de leurs capacités jusqu’à les reléguer au rang de simple outil en niant leur humanité.

  • Une œuvre : Le Capital (1867)

La spécificité humaine du travail

Marx distingue le travail "primitif" commun à l’homme et à l’animal qui consiste à transformer la nature dans le but de satisfaire ses besoins, le fait de cueillir des fruits ou de chasser par exemple, du travail propre à l’homme.

Le travail propre à l’homme le distingue de l’animal. En effet, "ce qui distingue le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche". Ainsi là où l’animal travaille instinctivement, l’homme fait usage de sa pensée et utilise les meilleurs moyens pour arrive à ses fins.

En ce sens le travail humanise l’homme car c’est par le travail que l’homme fait l’exercice de sa pensée et de ce qui le définit en tant qu’humain.

Le travail ouvrier et la dépossession de soi

Marx dénonce les conditions de travail des ouvriers du XIXème siècle et s’oppose au capitalisme et au machinisme. L’industrialisation et l’introduction de machines qui dictent la cadence et le rôle de l’ouvrier au sein de la chaine de production dépossèdent l’homme de son travail et le relèguent au rang de simple machine. Alors qu'en tant qu'artisan, l’homme pouvait s’épanouir en prenant conscience du résultat de son travail, l’ouvrier se substitue à la machine dans les usines et devient un élément anonyme et substituable.

En ce sens le travail dépossède l’homme de ce qui le caractérise, l’usage de sa pensée dans le travail. Ainsi, l’époque et le mode de production peuvent radicalement changer le regard que l’on porte sur le travail.

John LOCKE

Deuxième traité du gouvernement civil (1690)

Selon Locke, l’homme vit dans un état de nature dans lequel la propriété est fondée sur le travail. Ainsi qui met en état de culture une terre devient le propriétaire de cette terre.

Le travail est donc le processus par lequel l’homme mêle sa force au matériau qu’est la nature pour créer une chose nouvelle, cette chose nouvelle est le résultat de ce qui appartient à l’homme, sa force, et de ce qui appartient à tous, la nature. Ainsi le travail est ce qui détermine la propriété.

Exemple

La pomme devient la propriété de l’homme non pas quand il la consomme ou quand il la digère, mais au moment où il cueille, c’est-à-dire au moment où il fait un effort physique pour modifier la nature et s'approprier le fruit.
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