Les matières
Fiche vérifiée

La liberté

Définition de la notion

Liberté

  • Liberté physique : spontanéité des mouvements de l’individu conformément à sa nature. L’être humain est libre de marcher, de courir ou de nager mais le fait de ne pas savoir voler ne diminue pas sa liberté car voler ne fait pas partie de sa nature.
  • Selon les anciens : est libre celui qui agit selon sa propre volonté et non selon la volonté d’autrui.
  • Liberté politique : indépendance à l’égard de tout pouvoir.

Questions découlant de la définition de la notion

Est-ce nécessaire, pour être libre, de ne plus être soumis aux lois ? Peut-on penser une liberté consistant à obéir aux lois ?

Le monde est-il gouverné par un principe de liberté ou de nécessité ?

La liberté consiste-t-elle à faire ce que l’on veut ? Le sentiment de liberté et la liberté ont-ils le même sens ?

Qu’est ce qu’une volonté libre ?

La liberté humaine est-elle une illusion ?

Comment l’Homme peut-il être sur d’être un sujet libre ? Si faire le bien est une maxime universelle qui guide tous les hommes, faire des actions bonnes et morales n’est-ce pas se soumettre à un déterminisme ? Et par conséquent, faire le mal ne serait-il pas une solution pour sortir de ce déterminisme ? Peut-on faire le mal uniquement pour se prouver que l’on est libre ?

Ainsi la liberté peut se conjuguer avec de nombreuses autres notions :

Liberté et désirs

La liberté revient-elle à avoir la possibilité d’assouvir tous ses désirs, ou au contraire de se limiter pour ne pas devenir esclave de ses pulsions ?

Liberté et responsabilité

La prise de conscience de la liberté est une étape dans la responsabilisation du sujet. En devenant maître de ses actions, l’Homme devient par la même le seul responsable de ses actions. Cette conclusion peut nous amener à la question suivante : est-il réellement bénéfique d’être libre et d’en être conscient ? N’est-il pas plutôt préférable de rester dans une situation infantilisée, certes aliénante mais exempte de toute responsabilité ?

Concepts

Servitude

État de dépendance totale d’une personne soumise à une autre.

Libre arbitre

Désigne le fait d’être l’auteur de ses actions. Un homme exerçant son libre arbitre aura la liberté de choisir ce qu’il désire, rien ne lui sera imposé. On parle de libre "arbitre" parce qu’il y a un "arbitrage", autrement dit, un choix.

Fatalisme

Croyance selon laquelle les événements futurs sont déjà écrits.

Fatalité / Destin

Nécessité absolue qui fait que ce qui devait arriver arrive sans aucune autre possibilité.

Déterminisme

Doctrine philosophique suivant laquelle il existe une relation de nécessité entre tous les éléments qui compose une chaine causale. Le déterminisme ne suppose pas que la cause soit déterminée mais implique cependant que l’enchainement qui suit cette cause n’aurait pas pu être autre. Ainsi le déterminisme n’est pas l’ennemi de la liberté puisque l’homme, en comprenant la cause et le fonctionnement causal des événements, peut agir sur sa vie.

Exemple

Le fait que la grippe donne lieu à une augmentation de la chaleur corporelle et que cette température inhabituelle mette fin à la vie du sujet si elle est prolongée, est une chaine causale nécessaire. Seulement, grâce au développement d’un vaccin, l’homme peut empêcher la cause première et éviter le déterminisme de la maladie.

Liberté d’indifférence (Emmanuel KANT)

Selon Kant, il existe plusieurs degrés de libre-arbitre. Le plus bas degré est appelé "liberté d’indifférence". Elle renvoie au choix fait par le sujet libre sans que rien ne motive son choix vers l’une des options. Ainsi, le fait de choisir de manger des légumes plutôt que de la viande sans aucune raison est un choix qui relève de la liberté d’indifférence.

Autonomie

Du grec auto, "soi-même" et nomos, "loi ". Capacité de se donner à soi-même ses propres lois et à les suivre.

Isonomie

Egalité devant la loi. Elle est une condition fondamentale dans la liberté politique.

Intempérance et tempérance de l’homme

Selon Socrate, l’homme tempérant est l’homme qui sait limiter et modérer ses désirs par l’usage de sa raison. Cet homme est en réalité plus libre que l’homme intempérant qui n’est pas capable de contrôler ses désirs et qui en est l’esclave. La liberté de l’homme tempérant lui vient de sa capacité à comprendre ses envies et à les limiter quand elles ne sont pas essentielles.

Liberté et morale

Si la liberté revient à posséder un libre arbitre et à pouvoir choisir de faire telle ou telle chose, alors la question de l’action bonne ou de la morale est pertinente. Au contraire si l’homme est déterminé par des causes inconnues, autrement dit, qu’il n’est pas libre, alors la question de la morale n’a plus de sens puisque l’action bonne ne revient plus au sujet même mais à une autre cause antérieure.

Liberté et déterminisme

Selon Spinoza ou les stoïciens, être libre c’est connaître sa propre nature et se soumettre volontairement à ses lois. Ainsi nécessité et liberté sont liées.

Repères utiles

Contingent / Nécessaire

Est contingent ce qui peut être ou ne pas être. Un événement contingent est un évènement qui peut être ou ne pas être, comme le fait d’aller à la boulangerie ou ne pas y aller. Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être. Un événement nécessaire est un événement qui ne peut pas ne pas être, comme la fin du monde qui est une réalité inéluctable.

La nécessité renvoie au déterminisme, toute la difficulté est de faire coïncider nécessité et liberté. En effet, le libre arbitre renvoie au choix libre, et par conséquent à la possibilité de faire ou de ne pas faire le choix A pour se porter sur le choix B. Seulement, faire coïncider liberté et nécessité reviendrait à faire coïncider nécessité et contingence, ce qui est contradictoire. En réalité la liberté peut tolérer la nécessité si on la comprend comme la connaissance de sa propre nature et la soumission à ses propres lois instaurées par sa nature (suivant une pensée spinoziste).

Principe/ Cause/ Fin

La cause désigne ce qui constitue l’origine d’un effet. La cause, en ce sens, est dite efficiente. Ainsi, la cause efficiente de la chaussure est le cordonnier. La fin, quant à elle, désigne ce en vue de quoi un effet existe. Elle désigne donc un but, un objectif. Par exemple, la finalité de la chaussure est de permettre la marche. Le principe a deux sens. Est principe ce qui est premier dans l’ordre de l’existence, en ce sens, principe est synonyme de cause. Mais le principe peut également désigner ce qui est premier dans l’ordre de la connaissance : on parle alors de priorité logique. En mathématiques, les prémisses d’une démonstration, c’est-à-dire les propositions premières à partir desquelles sont déduites toutes les autres, peuvent être qualifiés de principes des mathématiques.

Le déterminisme en philosophie fait jouer ces notions de causes et de fins. Etant donné une certaine cause, une certaine fin est nécessaire. Dès lors l’Homme libre ne peut pas jouer sur cette chaine causale, la seule étape sur laquelle il peut agir est la cause en elle-même mais pas sur le déroulement des événements qui s’en suit,

Transcendant/ Immanent

Ce qui est transcendant est d’une réalité supérieure aux autres. Le terme de transcendance renvoie aussi à un principe extérieur et supérieur qui détermine les choses sans que l’on puisse toujours en saisir les causes. Dieu ou le temps sont des entités transcendantes, en tant qu’elles existent à un degré ontologique (c’est-à-dire un degré d’existence), supérieur au notre. Ce qui est immanent est ce qui est contenu dans la nature d’un être, ce qui ne provient pas d’un principe extérieur.

La transcendance est liée à la question de la liberté et du libre arbitre. En effet, en supposant l’existence d’un pouvoir transcendant l’homme, on peut supposer l’absence de liberté du sujet. Au contraire si la cause est interne à l’Homme, si elle est immanente, alors il y a une place pour le libre arbitre, puisque le sujet sera son propre maître.

Auteur(s)

Jean BURIDAN, philosophe français du XVIe siècle

L'âne de Buridan

La parabole de l’âne de Buridan raconte l’histoire d’un âne qui, étant à égale distance d’un sceau d’eau et d’un sceau d’avoine, ne pu se décider et mourra de fain. Cette parabole renvoie l’âne à son absence de libre arbitre : ayant également faim et soif, il n'est pas parvenu à se décider.

Jean-Paul SARTRE

L'existentialisme est un humanisme, 1946

Pour Sartre, l’homme n’a pas de nature, il n’est que ce qu’il devient. L’homme se définit par l’ensemble de ses actes. Autrement dit, nous sommes ce que nous faisons au quotidien. Nous sommes définis par nos actions. Ce postulat a pour conséquence que nous pouvons selon Sartre devenir la personne que nous souhaitons devenir. Ainsi, nous pouvons nous demander qui nous souhaitons être et agir au quotidien pour devenir ce type de personne / cette personne. Ainsi, l'homme est fondamentalement libre. Il est même plus que libre, car il est condamné à être libre. Il est condamné parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, mais il est également libre, parce qu’à chaque instant il peut choisir quoi faire. C’est l’idée majeure de l’existentialisme athée de Sartre.

L’homme n’a pas été créé par Dieu, ce qui conduit à ce que l’existence humaine n’ait pas de sens préalablement défini car elle n’est pas issue d’une volonté. L’homme contrairement aux objets est seul face à la création du sens de sa vie. L’homme n’est issu d’aucune entité créatrice (Dieu par exemple). Les objets ont une fonction qui leur donne un sens. Le coupe-papier est un objet dont la fonction est indiquée dans le nom. Il a été créé par l’homme pour assurer une fonction précise.

L’homme est le seul être qui possède la liberté, et cette singularité le définit. L’homme a la possibilité de s’arracher au déterminisme physique. La liberté est d’ailleurs la seule essence de l’homme. Ce qui caractérise l’homme c’est d’être libre, c’est d’être capable de construire son être et son devenir. Dire le contraire c’est selon Sartre de la mauvaise foi.

Qu’est-ce que la mauvaise foi chez Sartre ?

Accepter que si on est malheureux c’est parce qu’on a pas fait ce qui fallait pour être heureux, c’est trop douloureux pour la conscience humaine. Donc, l’homme va préférer se voiler la face. Et dire que c’est la faute des évènements, des autres, etc…La mauvaise foi est le refus de considérer la puissance de notre liberté d’agir.

Jean-Jacques ROUSSEAU

Du contrat social, 1762

"L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté".

Par ces mots, Rousseau montre que seul un État fondé sur un pacte social est légitime. Autrement dit, l’État ne doit pas ordonner de manière autoritaire des directives à son peuple et ne doit pas non plus lui donner les pleins pouvoirs. Les citoyens, pour être libres tout en étant en société, doivent se mettre d’accord sur des lois choisies par eux-mêmes et sur lesquelles ils sont d’accord. Par là, les citoyens, tout en obéissant aux lois étatiques, sont libres puisque les lois qu’ils ont établies coïncident avec leur raison et leur volonté propre.

MONTAIGNE

Essais, 1580-1595

"La vraie liberté, c’est pouvoir toute chose sur soi".

Le curseur de la liberté est souvent porté sur la liberté physique et extérieure. Montaigne rappelle par ces mots que la liberté intérieure, celle que l’on acquière en maîtrisant ses passions et ses représentations, est toute aussi importante et prime sur la liberté extérieure.

Baruch SPINOZA

Éthique, 1661

"Les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés."

Lettre à Schuller, 1667

Dans cette lettre, Spinoza prend l’exemple d’une pierre qu’on lance et qui, dans son mouvement, obéit à l’impulsion qui lui a été donnée. Cette même pierre, si elle avait une conscience aurait ainsi pu penser qu’elle était elle-même la source de son mouvement puisqu’elle ne sentirait que le mouvement intérieur sans savoir que la cause de son mouvement est en fait externe à elle.

Spinoza met cette expérience de pensée en parallèle avec l’illusion du libre arbitre cartésien. En effet, l’homme, à la manière de la pierre, pourrait penser être lui-même déterminé par sa volonté tout en ignorant la cause extérieure qui le détérmine réellement.

Néanmoins, il existe une manière de conserver intact le libre arbitre malgré ce déterminisme apparent, c’est ce que Spinoza appelle la "libre nécessité". En effet, en accordant notre volonté avec notre nature propre il est possible de réconcilier nécessité et liberté.

Spinoza prend, l’exemple de l’homme en colère qui, en prenant conscience de sa colère en tant qu’elle est fait partie de sa nature, arrive à vivre avec. Cette colère qui, auparavant, le guidait implicitement, devient ainsi une manière de s’exprimer dont il a conscience.

En prenant conscience de sa nature qui le détermine, l’homme en colère demeure libre tout en étant déterminé.

Cesare LOMBROSO

L’homme criminel, 1875

Ce professeur de médecine est l’un des fondateurs de l’École italienne de criminologie. Il développe ainsi dans son livre la théorie selon laquelle on naît criminel et on ne le devient pas. Il fait ainsi reposer sur l’hérédité de l’individu une grande part de responsabilité. Il va même jusqu’à faire figurer dans son livre des planches où figurent de nombreux dessins de visages humains censé représenter des visages types de criminels.

Ainsi, dès la naissance, l’Homme serait affecté d’un statut et ne serait pas libre de devenir ce qu’il souhaite.

Cette théorie a été très rapidement critiquée par la sociologie de l’époque lui reprochant de prôner un déterminisme social qui mènerait les individus à devenir des criminels.

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